La Tunisie a-t-elle refusé de délivrer son visa au père de Ahed Tamimi ?

La famille Tamimi est considérée comme leader de la contestation locale en Palestine.

Ahed Tamimi, la jeune palestinienne de 17 ans, condamnée à 8 mois de prison par le tribunal militaire israélien pour avoir agressé deux soldats de l’armée israélienne en Cisjordanie occupée, est devenue un symbole de la lutte contre l’occupation israélienne en Palestine. En Tunisie notamment. Récemment, les réseaux sociaux du pays ont d’ailleurs relayé la rumeur selon laquelle Tunis aurait refusé un visa d’entrée à Bassam Tamimi, le père de la jeune fille.

Visa accordé

En réaction, le ministère de l’Intérieur tunisien a publié un communiqué pour démentir la rumeur, et a indiqué que le père de Ahed Tamimi a bien obtenu son sésame le 30 mars dernier – la demande ayant été émise le 29 mars. Même son de cloche pour le ministère des Affaires étrangères, qui a démenti les informations relayées sur les réseaux sociaux, à travers son porte-parole, Bouraoui Limam.

Celui-ci a affirmé, dans une déclaration à la presse, que Bassem Tamimi était le bienvenu en Tunisie, comme l’ensemble des citoyens palestiniens. Et assurant que le visa d’entrée en Tunisie lui avait été accordé aussitôt qu’il l’a demandé. Le responsable politique en a même profité pour réitéré le soutien de l’administration tunisienne à la cause palestinienne.

« Prisonnier d’opinion »

Bassam Tamimi était invité par la section régionale des Avocats à Kasserine (sud-ouest de la Tunisie), pour participer au 42ème anniversaire de la Journée de la terre Palestinienne, célébrée annuellement le 30 mars par les Palestiniens. Celle-ci rappelle le massacre des dizaines de Palestiniens, par les forces de l’occupation israélienne, alors qu’ils protestaient, pacifiquement, contre la confiscation de leur terre, le 30 mars 1976.

Pour rappel, Bassem Tamimi a été arrêté une douzaine de fois pour activisme ; il a même été considéré  comme « prisonnier d’opinion » par Amnesty International. La famille Tamimi, d’ailleurs, est considérée comme leader de la contestation locale. Bilal Tamimi, un cousin de la jeune fille, a par exemple fondé l’agence Tamimi Press, qui filme régulièrement les confrontations entre Palestiniens et forces israéliennes.

« Harcèlement sexuel »

D’ailleurs, la famille a accusé, lundi 9 avril, les enquêteurs israéliens, vidéo à l’appui, d’avoir harcelé verbalement et psychologiquement Ahed Tamimi. Ses avocats, se basant sur une loi israélienne leur permettant d’accéder au dossier d’un détenu mineur, ont réussi à se procurer une vidéo de deux heures, où la jeune fille, âgée de 16 ans alors, est interrogée – sans présence d’un avocat – et refuse de répondre aux questions des deux enquêteurs israéliens.

Son avocate, Gaby Lasky, a même déposé une plainte auprès du procureur général israélien, lundi dernier, contre un enquêteur qui aurait auditionné Ahed Tamimi de manière inappropriée. Selon la défense de la jeune Palestinienne, celui-ci se serait comporté en « violation flagrante de la loi », frôlant le « harcèlement sexuel » ; outre des questions (très) pressantes – sans tenir compte de l’âge de la mineure -, le membre du renseignement militaire israélien aurait fait des remarques sur son apparence et menacé sa famille.

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