Le Liban accorde un accès limité aux dépôts bancaires

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10.06.2021

La crise au Liban pourrait se classer parmi les pires que le monde ait connues depuis plus de 150 ans, selon la Banque mondiale.

La banque centrale du Liban a déclaré mardi que les déposants seront autorisés à retirer des montants mensuels limités de leurs comptes en devises étrangères, près de 20 mois après que les banques leur ont refusé cet accès dans un contexte de grave crise financière.

Il s’agit d’un petit pas vers l’instauration d’un contrôle formel des capitaux, après que les banques libanaises ont arbitrairement imposé des politiques empêchant les déposants d’accéder à leurs comptes en dollars, alors même que la monnaie locale s’effondrait et qu’un marché noir prospérait.

Selon la nouvelle circulaire de la banque centrale, les déposants seront autorisés à retirer jusqu’à 400 dollars par mois en espèces et 400 autres dollars en monnaie locale à un taux huit fois supérieur au taux officiel. La livre libanaise, arrimée au dollar à 1 515 depuis plus de 20 ans, s’est effondrée depuis 2019, perdant plus de 85 % de sa valeur par rapport au dollar.

Ce krach a incité les banques à imposer des contrôles informels des capitaux, interdisant aux déposants de puiser dans leurs comptes en dollars, ainsi qu’à stopper les transferts. Les déposants ont été autorisés à retirer les devises étrangères transférées après le début de la crise.

Il n’était pas clair dans l’immédiat si les banques commerciales – à court de devises étrangères – pourront répondre à la demande d’une ruée attendue sur les banques lorsque la politique entrera en vigueur le 1er juillet.

Défaut sur le remboursement

L’Association des banques du Liban a déclaré la semaine dernière que les banques libanaises ne peuvent pas se permettre de rembourser de tels montants en devises étrangères alors que la crise financière s’aggrave chaque mois.

Le Liban connaît la pire crise économique et financière de son histoire moderne. En mars 2020, le Liban a fait défaut sur le remboursement de sa dette pour la première fois de son histoire. La Banque mondiale a déclaré au début du mois que la crise du Liban est susceptible de se classer parmi les pires que le monde ait connues depuis plus de 150 ans.

Mardi également, le ministre intérimaire de la Santé, Hamad Hassan, a déclaré que les importations de tous les médicaments ayant un équivalent local ou générique seraient suspendues. Il a ajouté que les importations de médicaments pour les maladies chroniques, de lait maternisé et d’anesthésiants se poursuivront comme d’habitude.

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Cette décision intervient dans un contexte de diminution des réserves en devises étrangères de la banque centrale, qui s’élevaient à environ 30 milliards de dollars fin 2019 et ont chuté à près de la moitié de ce montant à l’heure actuelle.

La banque centrale subventionne les importations de biens vitaux, dont les médicaments, le pétrole et le blé.

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