Syrie : la Turquie intensifie son assaut contre les Kurdes

L’assaut turc a été lancé trois jours après que le président américain Donald Trump a retiré les troupes américaines de Syrie.

La Turquie a intensifié son assaut contre les forces kurdes, alliées aux Etats-Unis, dans le nord de la Syrie, jeudi 10 octobre. Et ceci pour une deuxième journée consécutive. Le régime d’Ankara a dirigé vers la région des frappes aériennes, ainsi qu’un bombardement d’artillerie qui a soulevé des colonnes de fumée noire dans une ville frontalière. Dont les civils, paniqués, se précipitaient vers la sortie.

« Les résidents se sont enfuis avec leurs effets personnels chargés dans des voitures, des camionnettes et des pousse-pousse à motocyclette, rapporte l’agence Associated Press (AP), tandis que d’autres se sont échappés à pied ». L’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a déclaré que des dizaines de milliers de personnes étaient effectivement en fuite, et les agences humanitaires ont averti que près d’un demi-million de personnes près de la frontière étaient en danger.

« Crédibilité des Etats-Unis »

L’assaut aérien et terrestre turc a été lancé trois jours après que le président américain Donald Trump a « ouvert la voie » en retirant les troupes américaines de leurs positions près de la frontière avec leurs alliés kurdes. Alors que le locataire de la Maison-Blanche fait face, actuellement, à une enquête de destitution, la décision a suscité de vives critiques de la part des Républicains et Démocrates au Congrès. Mais également de celle de nombreux experts de la Défense nationale. Ces derniers affirment qu’ « elle [la décision] a mis en danger non seulement les Kurdes et la stabilité régionale, mais également la crédibilité des Etats-Unis. » Il faut se souvenir que la milice kurde syrienne a été le seul allié de Washington pendant la campagne qui a fait tomber l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie.

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Pour ne pas perdre la face, Donald Trump a enjoint à la Turquie de modérer ses « ardeurs » afin de protéger les civils. L’armée turque lui a « répondu » en déclarant que son l’ensemble de son artillerie avait atteint quelque 181 cibles en Syrie, à la date de jeudi soir. Plus d’une douzaine de colonnes de fumée épaisse s’élevait dans et autour de la ville de Tel Abyad, l’une des premières cibles principales de l’offensive.

« Invasion »

Des responsables turcs ont par ailleurs affirmé que la milice kurde avait effectué, ces deux derniers jours, des dizaines de tirs de mortier sur des villes frontalières turques, faisant selon eux 6 victimes, dont 1 garçon de 9 mois et 3 filles de moins de 15 ans. Côté syrien, 7 civils et 8 combattants kurdes ont été tués depuis le début de l’opération, rapporte l’agence AP en se basant sur les déclarations de « militants syriens ».

Ankara a toujours considéré les membres de la milice kurde comme « terroristes » en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) – qui lutte pour la reconnaissance d’un Etat kurde autonome depuis plus de 30 ans. Considéré là aussi par les autorités turques comme terroriste. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a d’ailleurs averti l’Union européenne (UE) de ne pas qualifier l’avancée turque en Syrie d’ « invasion ». Sous peine d’ « ouvrir les portes » et laisser les réfugiés syriens affluer en Europe.

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