« Pendant des mois, nous ne savions même pas si elle était en vie ou non », ont déclaré ses défenseurs londoniens.
Les autorités saoudiennes ont libéré une princesse détenue dans le royaume dans des circonstances mystérieuses depuis près de trois ans, ont déclaré ses partisans dimanche. La princesse Basmah bent Saoud, fille du deuxième roi d’Arabie saoudite, avait disparu en mars 2019, pour atterrir dans une prison saoudienne sans être inculpée de quoi que ce soit, avait-elle alors écrit sur les réseaux sociaux.
La raison de son arrestation avec sa fille n’était pas claire, car elle n’a jamais exercé une influence significative. Mais il s’agit de la dernière affaire en date contre un membre de la famille royale, alors que le prince héritier, Mohammed ben Salman (dit « MBS »), réputé pour ses caprices et son entêtement, a consolidé depuis quelques années son pouvoir en tant que dirigeant de facto du royaume.
À la suite de l’accession au trône de son père, le roi Salman, en 2015, il a poursuivi des critiques, des activistes et des membres de la famille royale rivaux, et a enfermé et secoué des princes dans le cadre d’une purge anticorruption. L’assassinat du journaliste et voix d’opposition Jamal Khashoggi, en octobre 2018, au sein du consulat d’Istanbul, fait partie de cette purge à peine voilée.
La princesse Basmah, 58 ans, et sa fille de 30 ans, Suhoud al-Sharif, ont quitté la semaine dernière la prison d’al-Ha’ir, dans la banlieue de la capitale saoudienne, Riyad, et sont rentrées jeudi dans la ville portuaire de Jeddah, a déclaré son conseiller juridique, Henri Estramant. La princesse souffrirait de problèmes de santé, notamment d’ostéoporose, et se concentre désormais sur sa convalescence et le temps passé avec sa famille, a-t-il ajouté.
Victoire
L’ambassade d’Arabie saoudite à Washington n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire. Le gouvernement saoudien n’a pas commenté publiquement l’affaire. Mais en 2020, la mission saoudienne auprès des Nations unies à Genève a déclaré au groupe de travail sur les détentions arbitraires que la princesse Basmah était « accusée de délits criminels impliquant une tentative de voyager illégalement hors du royaume ». Il n’y a pas eu de procès, a-t-elle ajouté.
Selon M. Estramant, les agents de sécurité ont arrêté la princesse et sa fille alors qu’elles s’apprêtaient à se rendre en Suisse pour y recevoir des soins médicaux réguliers. La santé de la princesse Basmah s’est considérablement détériorée pendant sa détention, ont déclaré ses défenseurs basés à Londres au sein du cabinet Grant Liberty, qui a adressé une pétition aux Nations unies et fait campagne pendant des mois pour obtenir sa libération.
« Pendant des mois, nous ne savions même pas si elle était réellement en vie ou non », a déclaré Rhianna Dorrian, responsable juridique de Grant Liberty, citant l’impossibilité pour la princesse d’entrer en contact direct avec sa famille ou ses partisans depuis mai dernier. « Nous savons également qu’on lui a refusé des médicaments de base ».
Les défenseurs de la princesse Basmah ont salué sa libération comme une victoire, tout en précisant qu’elle reste sous surveillance et que certains détails ne sont toujours pas clairs. « C’est un bon signe de la part de la cour royale qu’elle travaille à l’amélioration des conditions juridiques, a déclaré Henri Estramant. L’Arabie saoudite essaie de se moderniser et de se développer et il est important que personne ne subisse de détention arbitraire. »