Soudan : l’ONU lance des pourparlers visant à mettre fin à l’impasse politique

|
11.01.2022

Les troubles se sont intensifiés avec la démission du Premier ministre, Abdallah Hamdok, la semaine dernière.

Les Nations unies (ONU) ont entamé, lundi, des réunions avec des groupes soudanais pour trouver une issue à l’impasse politique qui paralyse le pays depuis le coup d’État militaire d’octobre dernier, comme l’a révélé l’envoyé de l’ONU pour le Soudan.

Le coup d’État du 25 octobre a anéanti les espoirs d’une transition pacifique vers un gouvernement démocratique dirigé par des civils, plus de deux ans après qu’un soulèvement populaire a contraint l’armée à renverser l’autocrate Omar el-Béchir et son gouvernement islamiste. De nombreuses manifestations, depuis, ont lieu dans les rues du Soudan, et plus de 60 personnes ont été tuées par les forces de sécurité.

Volker Perthes, l’envoyé des Nations unies pour le Soudan, a déclaré lors d’une conférence de presse dans la capitale, Khartoum, que les consultations viseront d’abord à instaurer la confiance entre les militaires et le mouvement pro-démocratique, avant qu’ils ne s’engagent éventuellement dans des pourparlers directs. « J’espère que ces consultations pourront devenir une sorte de mesure de confiance et qu’elles contribueront au moins à réduire la violence », a-t-il déclaré.

« Consultations »

Les troubles au Soudan se sont intensifiés avec la démission du Premier ministre, Abdallah Hamdok, la semaine dernière, après l’échec d’un compromis entre les militaires et le mouvement pro-démocratique. M. Perthes a déclaré que les consultations, qui ont débuté lundi, pourraient aboutir à « un certain consensus », qui permettrait de trouver un compromis pour sortir de l’impasse.

La mission de l’ONU a rencontré un groupe de la société civile lundi et continuera à s’engager avec d’autres acteurs dans les jours à venir. « Nous voulons agir rapidement, a déclaré M. Perthes. Il y a beaucoup de pression sur la situation au Soudan et sur nous ». Certains groupes de protestation ont d’ores et déjà rejeté l’offre de pourparlers de l’ONU et ont posé comme condition à l’engagement de négociations le retrait des militaires du pouvoir.

M. Perthes faisait principalement référence à l’Association des professionnels soudanais, qui a mené le soulèvement contre M. él-Béchir. La SPA a effectivement annoncé dimanche son rejet des pourparlers, affirmant que la seule façon de sortir de la crise actuelle est le retrait des généraux du pouvoir. « Nous ne proposons pas de négociations. Nous proposons des consultations. Les négociations, directes ou indirectes, peuvent venir dans une deuxième phase », a répondu M. Perthes.

Dans une déclaration, le Conseil souverain au pouvoir au Soudan a salué l’initiative de l’ONU visant à faciliter les pourparlers entre les acteurs soudanais, et a appelé l’Union africaine à « soutenir et contribuer » à cet effort. Dans le même temps, un manifestant de 16 ans est quant à lui décédé, lundi, des suites des blessures qu’il avait subies en participant aux manifestations organisées un jour plus tôt dans le district de Bahri, à Khartoum. Plus de 90 personnes ont été blessées lors des manifestations anti-coup d’État de dimanche, selon le Sudan Doctors Committee.

 

Crédits photo : Volker Perthes, l’envoyé des Nations unies pour le Soudan, s’exprime lors d’une conférence à Khartoum, au Soudan, le lundi 10 janvier 2022 (Photo AP).

Partages