La mission, conduite par Riyad et Washington, a eu lieu en janvier dernier, mais n’a été dévoilée que jeudi.
L’Arabie saoudite a déclaré, jeudi, qu’elle avait secouru deux jeunes Américaines au Yémen voisin, dans le cadre d’une d’opération spéciale conjointe avec les États-Unis. Le ministère saoudien de la Défense a déclaré que les deux adolescentes yéméno-américaines étaient détenues par des rebelles Houthis (chiites, soutenus par l’Iran) dans la capitale yéménite de Sanaa, après avoir été capturées alors qu’elles rendaient visite à leur grand-mère.
Les deux jeunes femmes ont été emmenées par des agents saoudiens de Sanaa à Aden, dans le sud du Yémen, puis envoyées en Arabie saoudite pour y recevoir un traitement médical. Elles ont maintenant été rapatriées aux États-Unis, ont déclaré les Saoudiens, qui n’ont pas précisé la date de cette mission de secours. Une personne au courant de l’opération a toutefois déclaré qu’elle avait eu lieu en janvier, et rendue publique maintenant, uniquement, parce que les femmes sont de retour aux États-Unis.
Coopération
« Lors d’une visite familiale à Sanaa, les deux citoyennes américaines ont été maltraitées par la milice houthiste, a déclaré le porte-parole du ministère saoudien de la Défense, le général de brigade Turki Al-Malki. Les Houthis ont également imposé des restrictions à leur liberté et à leurs déplacements, et leurs passeports ont été confisqués. » Un communiqué publié met par ailleurs en avant la coopération entre Washington et Riyad, plutôt critiquée ces derniers jours.
Les deux pays sont notamment en désaccord sur la question de l’approvisionnement mondial en pétrole, qui se pose avec une acuité particulière, depuis une dizaine de jours, après que la Russie a envahi l’Ukraine fin février. Tandis que les États-Unis cherchent à pallier les importations de pétrole russe en se tournant vers les monarchies du Golfe (Arabie saoudite et Émirats arabes unis en tête), celles-ci, priées d’augmenter leur volume de production, sont tenues par l’accord régissant l’OPEP+.
L’autre pierre d’achoppement, entre Washington et Riyad, reste le dossier nucléaire iranien, actuellement discuté à Vienne, en Autriche. Alors qu’un accord semblait sur le point d’être signé il y a quelques semaines, l’invasion russe en Ukraine a rebattu les cartes. « Chaque heure, les négociations de Vienne deviennent plus compliquées en l’absence d’une décision politique des États-Unis », a ainsi tweeté le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale en Iran, Ali Shamkhani.
Crise humanitaire
La Russie, très proche de l’Iran, a demandé la semaine dernière des garanties américaines sur les sanctions qui lui sont imposées, afin qu’elles ne viennent pas troubler sa coopération militaire et économique avec Téhéran… «L’approche américaine des exigences principales de l’Iran, couplée à une pression injustifiée pour parvenir à la hâte à une entente […], montrent que les États-Unis ne sont pas intéressés par un accord solide qui satisferait les deux parties», a estimé M. Shamkhani.
Ennemis jurés, l’Arabie saoudite et l’Iran s’affrontent indirectement au Yémen depuis mars 2015 – Riyad était intervenue à la tête d’une coalition de pays arabes pour chasser les Houthis du pays. Malgré 7 années de guerre, les rebelles chiites contrôles toujours la capitale yéménite, Sanaa, ainsi qu’une grande partie du nord du Yémen, frontalier avec l’Arabie saoudite. Le conflit a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, et provoqué, selon les Nations unies, la pire crise humanitaire au monde.