Le « président-dictateur », visé par deux mandats d’arrêt internationaux pour crimes de guerre, aurait été destitué par l’armée.
Alors que les Soudanais attendent toujours « l’annonce importante » que doit faire l’armée, l’agence de presse Reuters vient d’affirmer que le président soudanais, Omar el-Béchir, ainsi que plusieurs de ses proches, avaient été arrêtés et assigné à résidence au palais présidentiel. Un peu plus tôt dans la matinée, le chef d’Etat âgé de 75 ans, au pouvoir depuis 1989, avait démissionné, selon Le Figaro, qui cite « plusieurs sources gouvernementales à Khartoum ».
« D’après des témoins, un raid de l’armée aurait eu lieu jeudi dans les locaux d’un groupe lié au Parti du Congrès national (NPC) de Béchir. Le groupe visé s’appelle le Mouvement islamique, la branche idéologique du NCP », selon ces personnes dont l’AFP aurait reçu le témoignage, toujours d’après le quotidien français. Qui affirme également que « des consultations sont en cours pour former un conseil de transition ».
Etat d’urgence
L’agence de presse AP, de son côté, indique que « les circonstances de l’éviction apparente d’el-Béchir et le lieu où il se trouve actuellement [ne sont] pas claires. » Tout en citant « deux responsables » de haut rang qui ont déclaré, sous couvert d’anonymat, « que l’armée avait forcé el-Béchir à démissionner et qu’elle était maintenant en pourparlers pour former un gouvernement transitoire. »
Alors que des dizaines de milliers de Soudanais se rendaient jeudi matin dans le centre de Khartoum pour célébrer la chute du président honni, des « témoins oculaires » sur place ont déclaré à AP que les militaires s’étaient déployés sur des « sites clés de la ville pour sécuriser plusieurs installations ». Des véhicules blindés et des chars d’assaut sont ainsi stationnés dans les artères et près des ponts sur le Nil, d’après eux.
Depuis un peu plus de 4 mois maintenant, les Soudanais manifestent contre le régime d’Omar el-Béchir, après que le gouvernement a décidé, en décembre dernier, de tripler le prix du pain. Au départ économiques, les revendications ont rapidement glissé vers le politique, et demandé le départ du chef de l’Etat. Qui a choisi de réprimer la contestation par la force, et instauré l’état d’urgence le 22 février dernier.
« Gouvernement civil de transition »
Depuis samedi dernier, des affrontements meurtriers ont lieu entre les forces de sécurité soudanaises et des manifestants, qui s’étaient réunis en sit-in pour protester contre le gouvernement devant le quartier général de l’armée. Les combats ont fait une vingtaine de morts en quelques jours, portant le nombre de décès à plus de 50 selon l’ONG Human Rights Watch (HRW).
Jeudi matin, les organisateurs des manifestations, dont l’Alliance pour la liberté et le changement (opposition) et l’Association des professionnels soudanais, à l’origine des manifestations il y a 4 mois, ont exhorté les foules à rejoindre le sit-in en cours. Et juré de rester dans la rue jusqu’à ce que le « régime se retire complètement et que le pouvoir soit remis à un gouvernement civil de transition ». Ce qui est chose faite. Même si, déjà, le mot « coup d’Etat militaire » commence à inonder la Toile…
