Les autorités ont réduit les possibilités de se déplacer, en Irak, alors que se tient aujourd’hui la première élection parlementaire de l’après-Daech.
Les Irakiens votent, aujourd’hui, alors que se tient la première élection parlementaire depuis que le pays a déclaré sa victoire sur le groupe Etat islamique (EI). Mais le scrutin ne devrait être en réalité qu’un référendum sur le mandat du Premier ministre, Haider al-Abadi, et son engagement à inclure davantage la minorité sunnite d’Irak. Aucun bouleversement du gouvernement à envisager, donc, même si certaines questions plus ou moins polémiques – l’influence de l’Iran et l’avenir des forces américaines dans le pays – ont dominé la campagne électorale. Et demeureront, sans doute, après les résultats, une fois les 329 sièges en jeu renouvelés – ou non.
Baisse des civils tués
Dans le même temps, le Haut commissariat pour les réfugiés des Nations unies (HCR) a choisi d’alerter sur le sort des personnes déplacées et réfugiés irakiens. Qui sont, selon lui, plus de 2 millions à avoir été affectés par les combats depuis 2014. Des schémas mixtes de déplacement et de retour continuent de se produire dans plusieurs gouvernorats, si bien qu’entre fin avril et la première semaine de mai, environ 360 familles – plus de 1 500 personnes – ont quitté les camps des provinces d’Anbar, Bagdad, Erbil, entre autres. A l’inverse, environ 90 familles – 300 personnes – sont retournées dans ces espaces de fortune, après avoir constaté que leurs habitations étaient endommagées ou que la sécurité n’était pas assurée.
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Malgré la victoire de l’Irak sur Daech (acronyme arabe de l’EI), le pays enregistre encore des pertes civiles. Dont le nombre continue de diminuer cependant. Selon les chiffres des victimes enregistrés par la Mission d’assistance des Nations unies pour l’Irak (MANUI) pour le mois d’avril, 68 civils ont été tués, soit une baisse de 34 % depuis le mois précédent, et 122 autres blessés dans des actes de terrorisme, de violence et de conflit armé. Anbar a par exemple été le gouvernorat le plus touché, suivi de Bagdad et Kirkouk. Dans l’ensemble, il s’agit des chiffres les plus bas enregistrés au cours des cinq dernières années, note le Haut commissariat pour les réfugiés.
Couvre-feu
Qui estime ses besoins à 578 millions de dollars pour prendre en charge les personnes déplacées. Sur place, certaines équipes mobiles de documentation civile continuent de faciliter la délivrance de papiers d’identité aux réfugiés ; 3 440 documents civils, à ce jour, sur les 5 500 manquants, ont ainsi été distribués pour les personnes originaires de Hawija (province de Kirkouk). Le gouvernement irakien, à l’inverse, use aussi de la force, pour expulser les familles déplacées ayant des affiliations extrémistes. Au 7 mai dernier, le HCR a ainsi recensé 46 familles – soit 235 personnes – résidant dans la ville de Kirkouk, sans autorisation de retourner dans leurs provinces d’origine.
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« Au cours des entretiens de protection, les familles ont fait état de l’usage de la force et de l’intimidation par les forces de sécurité, y compris la confiscation de documents » indique le Haut commissariat. « Pendant ce temps, les personnes déplacées qui vivent déjà dans les camps hésitent à recevoir les nouvelles personnes déplacées (ou à les héberger à proximité), craignant la stigmatisation en raison de leur affiliation perçue. » Le HCR, de son côté, a plaidé auprès des autorités pour mettre fin à ces expulsions et garantir la liberté de mouvements des camps vers la ville de Kirkouk. Ceci alors que le gouvernement, en raison des élections, a décidé de fermer tous les aéroports et l’espace aérien, entre le 11 et le 13 mai, et d’imposer un couvre-feu.
Etudiant en master de journalisme, Bertrand Faure se destine à la presse écrite. Passionné de relations internationales, il nourrit un tropisme particulier pour le Maghreb et la région MENA, où il a effectué de nombreux voyages.