A l’origine, les tensions à Jérusalem ont coïncidé avec le début du mois de jeûne du ramadan à la mi-avril.
Israël a déclenché de nouvelles frappes aériennes sur Gaza, tôt mardi, frappant la tour d’habitation d’un commandant de campagne du Hamas et deux tunnels frontaliers creusés par des militants, alors que le Hamas et d’autres groupes armés ont tiré des dizaines de roquettes vers Israël. Cette escalade a été provoquée par des semaines de tensions dans la ville de Jérusalem, que les Israéliens considèrent comme leur capitale, notamment après que Donald Trump, l’ancien président américain, a reconnu ce statut à la ville sainte en 2018.
Depuis le coucher du soleil lundi, lorsque les combats transfrontaliers ont éclaté, 24 Palestiniens – dont neuf enfants – ont été tués à Gaza, la plupart par des frappes aériennes, selon les responsables de la santé de Gaza. L’armée israélienne a déclaré que 15 des morts étaient des militants. Dans ce même laps de temps, les Gazaouis ont tiré plus de 200 roquettes en direction d’Israël, blessant six civils israéliens lors d’une frappe directe sur un immeuble d’habitation.
Journée de Jérusalem
Ces tirs ont été précédés par des heures d’affrontements lundi entre les Palestiniens et les forces de sécurité israéliennes, principalement à Jérusalem, mais aussi à travers la Cisjordanie. Plus de 700 Palestiniens ont été blessés, dont près de 500 ont été soignés dans des hôpitaux. Des centaines de résidents de communautés arabes en Israël ont également manifesté pendant la nuit contre la situation à Jérusalem, l’une des plus grandes protestations de citoyens palestiniens en Israël de ces dernières années.
Le regain des tensions coïncide avec la célébration de la Journée de Jérusalem, prévue lundi, lors de laquelle les juifs israéliens étaient invités, comme chaque année, à défiler dans la vieille ville pour commémorer la reconquête de sa partie orientale par l’armée israélienne en 1967. Une manifestation qui n’a pu avoir lieu, en raison des violences entre Palestiniens et forces de l’ordre, après que plus de 200 personnes ont été blessées sur l’esplanade des Mosquées, vendredi dernier, où plusieurs dizaines de milliers de fidèles musulmans s’étaient réunis pour célébrer la dernière prière du vendredi avant la fin du mois de jeûne du ramadan.
Par le passé, les combats transfrontaliers entre Israël et le Hamas, le groupe islamiste qui dirige la bande de Gaza, prenaient généralement fin au bout de quelques jours, souvent grâce à la médiation en coulisses du Qatar, de l’Égypte et d’autres pays. Il n’était pas clair si cette trajectoire allait se répéter cette fois-ci. Le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a averti lundi que les combats pourraient « se poursuivre pendant un certain temps ». Tandis que le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, porte-parole de l’armée israélienne, a déclaré mardi aux journalistes que l’armée n’en était qu’aux « premières étapes » des frappes contre les cibles de Gaza. Qu’elle avait planifiées bien à l’avance.
Incertitude politique
Cette escalade de la violence intervient à un moment où Israël est dans l’incertitude politique. M. Nétanyahou agit en tant que Premier ministre intérimaire depuis les élections parlementaires de mars. Après lesquelles il avait tenté sans succès de former un gouvernement de coalition avec ses alliés radicaux et ultra-orthodoxes. L’un de ces rivaux, le ministre israélien de la défense, supervise la campagne de Gaza. « On ignore si et dans quelle mesure l’atmosphère politique toxique se répercute sur les décisions militaires, bien que les camps rivaux aient unanimement exprimé leur soutien à l’idée de frapper durement le Hamas », fait savoir l’agence de presse américaine Associated Press.
Les tensions à Jérusalem ont coïncidé avec le début du mois de jeûne musulman du ramadan à la mi-avril. Selon les critiques, des mesures policières musclées ont contribué à alimenter les troubles nocturnes, notamment la décision de fermer temporairement un lieu de rassemblement nocturne populaire où les résidents palestiniens se retrouvaient après la prière du soir. Un autre point chaud a été le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem, où des dizaines de Palestiniens sont menacés d’expulsion par des colons juifs.
Crédits photo : des Palestiniens cherchent des survivants sous les décombres d’un bâtiment résidentiel touché par des frappes de missiles israéliens, dans le camp de réfugiés de Shati dans la ville de Gaza, tôt le mardi 11 mai (AP Photo/Khalil Hamra).