Pékin profite notamment de la « Nouvelle route de la soie » pour investir massivement dans la région.
Après la Chinafrique, la Chinarabe ? Pékin fournira aux Etats arabes 20 milliards de dollars en prêts pour leur développement économique, a déclaré mardi le président de la Chine, Xi Jinping, lors d’un sommet économique Chine-Pays arabes, alors que la République populaire cherche à renforcer son influence au Moyen-Orient – ainsi que sur le continent africain. L’argent sera affecté à des « projets qui produiront de bonnes opportunités d’emploi et un impact social positif dans les Etats arabes qui ont des besoins de reconstruction », a annoncé le chef de l’Etat sans fournir plus de détails. Si ce n’est que la somme fait partie d’un programme spécial chinois pour la « reconstruction économique » et la « revitalisation industrielle ».
Ce n’est pas tout. Pékin est également prêt à fournir un autre milliard de yuans aux pays de la région pour « renforcer les capacités de maintien de la stabilité », a dit M. Xi, en ayant recours à un champ lexical associé à la police et à la surveillance. Un moyen d’étendre l’influence chinoise au Moyen-Orient ? Depuis son entrée en fonction, le président de la République populaire a, en tout cas, supervisé un effort concerté pour ce faire. La construction de la première base militaire du pays dans l’État de Djibouti – qui appartient à la Ligue arabe – en est le parfait exemple. Sans compter que la Chine a déjà fourni des sommes considérables aux pays arabes, Djibouti lui devant quelque 1,3 milliard de dollars notamment.
Diplomatie chinoise
Par le passé, un tel « déferlement » d’argent frais a pu inquiéter, aussi bien le pays émetteur que celui qui recevait. Comme, par exemple, le Sri Lanka, contraint l’an dernier de céder le contrôle de son port de Hambantota à la Chine, après s’être trouvé dans l’incapacité de rembourser son prêt. Les infrastructures portuaires faisant d’ailleurs partie de la chasse gardée de Pékin ; « la Chine se félicite des opportunités de participer au développement des ports et à la construction de réseaux ferroviaires dans les pays arabes » a affirmé le président chinois. Qui souhaite ainsi clairement investir dans les moyens de transports, dans le cadre d’un « réseau logistique reliant l’Asie centrale avec l’Afrique de l’Est et l’Océan indien avec la Méditerranée ».
Au cœur de son projet ? L’initiative « Belt and Road », un programme d’infrastructures d’un milliard de dollars, considéré comme un renouveau de l’ancienne route de la soie, qui permettait autrefois de transporter des tissus, des épices ainsi qu’une multitude d’autres marchandises entre l’Asie, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe. La « résurrection » de cet axe routier a été dévoilée à l’automne 2013 par Pékin, qui en a fait l’une des priorités de la diplomatie chinoise sous la présidence de Xi Jinping. D’après CNN, le projet devrait englober jusqu’à 68 pays et représenter plus de 4 milliards d’habitants, ainsi que 62 % du PIB mondial. Le Moyen-Orient, sur la « route » du plan chinois, constitue nécessairement l’un de ses éléments-clés.
Etudiant en master de journalisme, Bertrand Faure se destine à la presse écrite. Passionné de relations internationales, il nourrit un tropisme particulier pour le Maghreb et la région MENA, où il a effectué de nombreux voyages.