Irak : un taux de participation historiquement bas aux législatives

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11.10.2021

Les jeunes, notamment, étaient très réticents à l’idée d’aller voter ce week-end.

Le taux de participation aux élections irakiennes a accroché les 41 %, selon les résultats préliminaires annoncés lundi et relayés par l’agence américaine Associated Press (AP). Un niveau historiquement bas, dans l’ère post-Saddam Hussein, soulignant notamment une méfiance généralisée à l’égard du vote pour un nouveau parlement.

Les élections du week-end ont été organisées plusieurs mois avant la date prévue, comme une concession au soulèvement populaire mené par les jeunes contre la corruption et la mauvaise gestion du pays. Mais le vote a été entaché d’une « apathie généralisée », selon AP, et d’un boycott de la part d’un grand nombre de ces mêmes jeunes militants, qui s’étaient pressés dans les rues de Bagdad et des provinces du sud de l’Irak, fin 2019, appelant au changement et à de nouvelles élections.

Des dizaines de milliers de personnes avaient alors manifesté pendant plusieurs semaines, affrontant des forces de sécurité qui n’avaient pas hésité à tirer à balles réelles et lancer des gaz lacrymogènes, faisant plus de 600 morts et des milliers de blessés en l’espace de quelques mois.

Bien que les autorités aient cédé et convoqué les élections anticipées, le nombre de morts et la répression musclée – ainsi qu’une série d’assassinats ciblés – ont incité de nombreux manifestants à appeler plus tard au boycott du scrutin. Des résultats plus définitifs sont attendus plus tard dans la journée, mais les négociations pour choisir un Premier ministre chargé de former un gouvernement devraient durer des semaines, voire des mois.

Mauvaise gestion

Cette élection était la sixième depuis la chute de Saddam Hussein, après l’invasion de l’Irak par les États-Unis, en 2003. Nombreux étaient ceux qui doutaient que les candidats indépendants issus du mouvement de protestation aient une chance face à des partis et des politiciens bien établis, dont beaucoup sont soutenus par de puissantes milices armées.

Les jeunes irakiens, qui constituent le groupe démographique le plus important du pays, étaient très réticents à l’idée d’aller voter. Nombreux sont ceux qui pensent que le système est fermé aux réformes et que les élections ne feront que ramener les mêmes visages et les mêmes partis responsables de la corruption et de la mauvaise gestion dont souffre l’Irak depuis des décennies. Autant de problèmes qui ont laissé le pays avec des infrastructures en ruine, une pauvreté croissante et des taux de chômage en hausse.

Les groupes issus des factions musulmanes chiites, majoritaires en Irak, devraient arriver en tête, comme c’est le cas depuis 2003, avec une course serrée entre l’influent religieux chiite Moqtada al-Sadr et l’Alliance Fatah, dirigée par le chef paramilitaire Hadi al-Ameri et affiliée aux Forces de mobilisation populaire, un groupe de milices chiites pour la plupart pro-Iran qui s’est fait connaître pendant la guerre contre le groupe État islamique.

Selon la législation électorale irakienne, il revient au parti ayant remporté le plus grand nombre de sièges de choisir le prochain Premier ministre du pays. Mais il est peu probable qu’une des coalitions en lice puisse obtenir une majorité claire. Cela nécessitera un long processus de négociations en coulisses pour choisir un chef de gouvernement de consensus et convenir d’un nouvel exécutif de coalition.

 

 

Crédits photo : Des agents électoraux comptent les bulletins de vote alors qu’ils ferment un bureau de vote à la fin du scrutin des élections législatives, à Bagdad, en Irak, dimanche 10 octobre 2021 (AP Photo/Hadi Mizban).

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