La Banque mondiale s’inquiète pour la stabilité du Liban

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11.11.2019

Le nouveau gouvernement devra « lancer des réformes ambitieuses et audacieuses pour la stabilité économique » du pays.

La Banque mondiale (BM) a exhorté vendredi dernier le Liban à former un nouveau gouvernement « dans une semaine », afin de prévenir toute dégradation et perte de confiance dans son économie, qui pourraient mener à l’instabilité du pays, dans un contexte d’aggravation de la crise économique et budgétaire.

Turbulences

Saroj Kumar Jha, directeur régional de l’organisation, a déclaré à l’agence Associated Press (AP) que la Banque mondiale avait observé « d’énormes pertes » ces dernières semaines et qu’un nouveau gouvernement était nécessaire de toute urgence pour redresser la situation. « Nous sommes très inquiets de l’impact que cela aura sur les Libanais pauvres, la classe moyenne et les entreprises », a-t-il déclaré dans une interview exclusive.

Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a démissionné de son gouvernement le 29 octobre en réponse aux protestations nationales sans précédent qui balayent le Liban depuis le milieu du mois dernier. Celles-ci ont éclaté au sujet des nouvelles taxes proposées et se sont changées en appels à la démission du gouvernement, ainsi qu’au retrait de toute l’élite politique qui gouverne le Liban depuis la fin de sa guerre civile (1975-1990).

Selon l’AP, les manifestations ont paralysé le Liban et maintenu les banques fermées pendant deux semaines. Depuis leur réouverture vendredi dernier, les gens se précipitent pour retirer de l’argent, craignant que la crise du pays ne s’aggrave encore dans un contexte de pénurie de liquidités. Les banques ont ensuite imposé des contrôles des capitaux afin de protéger les dépôts et d’empêcher une ruée sur les banques, ce qui a aggravé les turbulences.

« Gouvernement crédible »

Plus d’une semaine après la démission de M. Hariri, le Président Michel Aoun n’a pas encore fixé de date pour les consultations avec les chefs des blocs parlementaires qui doivent nommer un nouveau Premier ministre. Les manifestants exigent un gouvernement composé de technocrates qui se mettrait immédiatement au travail sur les réformes nécessaires pour faire face à l’économie plongeante. Tandis que la dette libanaise s’élève à 86 milliards de dollars (150 % du PIB), la croissance pourrait subir une contraction d’1 %, « ce qui est assez substantiel » note Saroj Kumar Jha.

« Il est extrêmement important qu’il y ait une solution politique à la crise actuelle et (que) nous ayons un gouvernement crédible, qui puisse lancer des réformes ambitieuses et audacieuses pour la stabilité économique », a-t-il déclaré à l’AP. Jusqu’à présent, les pertes engendrées par la crise politique « sont énormes », pour le directeur régional de la BM, puisqu’elles s’élèvent à quelque 600 à 700 millions de dollars par jour.

M. Jha a ajouté que le nouveau gouvernement devrait s’employer à rétablir la confiance dans l’économie libanaise, à créer des débouchés pour tous les Libanais, à améliorer le marché du travail et à lancer un programme complet pour la compagnie d’électricité publique, qui est en train de vider les coffres de l’État. « Un gouvernement crédible, qui répond aux attentes du peuple libanais, peut travailler avec toutes les parties du pays et la communauté internationale », a-t-il affirmé.

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