La Palestine, les Nations unies et la grande désillusion

Le seul allié du peuple palestinien demeure l’opinion publique internationale, qui a fortement critiqué la décision de Donald Trump.

Le 6 décembre dernier, Donald Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël. Une décision unilatérale qui a suscité la désapprobation de la quasi-totalité de la communauté internationale. Il est fort peu probable que la réaction de cette dernière fasse changer d’avis le turbulent locataire de la Maison Blanche.

Par cet acte irréfléchi et lourd de conséquences, le président américain vient une nouvelle fois de donner un blanc-seing à son allié israélien dans son entreprise délibérée de confiner le peuple palestinien dans des bribes de territoires. Rien ne semble freiner Israël dans sa course effrénée aux annexions territoriales. Les condamnations onusiennes ? Des voix inaudibles pour les dirigeants israéliens qui, indifféremment de leurs appartenances politiques, n’ont jamais remis en cause l’illégal processus de colonisation.

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Face à cette impunité cautionnée par les États-Unis, aucun pays, aucune coalition, aucune organisation régionale ou internationale, n’a pu concrétiser depuis la fin du mandat britannique en Palestine, le droit légitime du peuple palestinien à disposer d’un État.

Incapacité de l’ONU

En l’absence d’un allié fort capable de contrecarrer la politique américano-israélienne du «deux poids deux mesures », la sortie de crise demeure une utopie. Ni l’Arabie saoudite, pays majeur au Moyen-Orient, ni la Russie et la Chine ou même la France, pourtant membres du Conseil de sécurité et disposant d’un droit de veto, n’ont enrayé la politique d’expansion territoriale d’Israël. Et pourtant, les soutiens diplomatiques ne manquent guère. Depuis le 15 novembre 1988, date de la déclaration unilatérale d’indépendance, la Palestine a été reconnue par 135 Etats. Si cette offensive diplomatique a certainement provoqué un effet accélérateur dans l’internationalisation de la cause palestinienne, l’Organisation des Nations unies (ONU) n’a jamais, dans ce cas précis, honoré certaines valeurs portées au sein de sa charte.

Fondée en 1945 et reflet d’un autre monde, cette organisation ne peut aujourd’hui prétendre, sans être profondément réformée, à contribuer directement ou indirectement à l’édification d’un Etat palestinien. L’instance du Conseil de sécurité en est malheureusement l’exemple parfait. Combien de résolutions condamnant le non-respect du droit international par Israël ont eu un effet réellement contraignant ? Aucune. L’incapacité de l’ONU à entreprendre de réelles actions a ouvert la porte à la multiplication des initiatives de divers pays, risquant de complexifier davantage la construction d’ une feuille de route lisible afin d’achever l’interminable processus de paix.

Opinion publique internationale

Dernier fait en date, la volonté d’Ankara et de Paris de devenir une fois de plus des acteurs clés dans la résolution de cette énième crise provoquée par Washington. L’intention est certes louable, mais il est plus que légitime de se poser la question de sa réelle utilité, tant elle risque une nouvelle fois d’être débattue dans une enceinte onusienne où tout rééquilibrage sera perçu par les États-Unis et Israël comme un camouflet diplomatique.

Cette totale inertie de l’ONU est l’une des causes principales de la montée en puissance de divers groupes armées palestiniens, à l’instar de la branche la plus extrémiste du Hamas. Une diversité d’acteurs bénéficiant d’une certaine légitimité populaire, qui a rendu plus complexe la représentativité du peuple palestinien à l’international. Incontournables pour résoudre cette crise, ces forces politiques et/ou militaires haïes ou non font néanmoins partie intégrante de la solution pour résoudre ce conflit vieux de 70 ans.

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En attendant, le seul allié du peuple palestinien demeure l’opinion publique internationale, qui n’a de cesse de dénoncer l’injustice en battant le pavé. Des bruits de bottes pacifiques qui pour l’instant n’ont pas trouvé l’oreille attentive d’une ONU bloquée dans un monde qui n’a plus cours.

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