Yémen : « Nous restons très préoccupés par la détérioration de la situation humanitaire »

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12.01.2018

Au Yémen, 6 personnes sur 10 n’ont quasiment pas accès à la nourriture.

« Inacceptable ». C’est le terme qu’a employé l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), aujourd’hui sur Twitter, pour décrire la situation humanitaire au Yémen. Où, désormais, 6 personnes sur 10 n’ont quasiment pas accès à la nourriture. Un chiffre alarmant qui s’ajoute aux près de 3 millions de déplacés, à l’intérieur du pays, et aux sommes colossales nécessaires, entre autres, pour endiguer la quasi-famine qui s’installe – plus de 2,3 milliards de dollars selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).

Dans une note publiée hier, le coordinateur onusien pour l’aide humanitaire au Yémen, Jamie McGoldrick, a exhorté « toutes les parties au conflit à s’abstenir de toute action perturbatrice susceptible d’aggraver les souffrances du peuple yéménite. » Plus précisément, il a demandé « à la coalition [dirigée par l’Arabie saoudite, ndlr] de continuer à autoriser les navires à entrer dans les ports de la mer Rouge, et aux Houthis de s’abstenir de menacer cette voie d’accès vitale. »

« Beaucoup moins que ce qui est nécessaire »

En novembre dernier, en réponse à un tir de missile effectué depuis le Yémen par les rebelles houthistes, qu’elle combat aux côté d’une dizaine d’autres pays arabes, Riyad avait instauré un blocus autour du pays. La situation humanitaire s’était alors fortement dégradée, et le patron de l’OCHA, Mark Lowcock, avait été obligé d’appeler l’Arabie saoudite à faire marche arrière, alors que 7 à 8 millions de personnes étaient « au bord de la famine » selon lui. Après quoi les Saoudiens avaient autorisé l’aide humanitaire à transiter de nouveau dans le pays.

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Ainsi, « depuis le 20 décembre, 13 navires ont livré au Yémen des vivres et du carburant dont le pays avait grand besoin, et d’autres sont en préparation » a indiqué Jamie McGoldrick. « C’est positif, mais c’est beaucoup moins que ce qui est nécessaire pour répondre aux besoins globaux en nourriture et en carburant. » Ce qu’il convient de faire, selon lui ? Ouvrir un plus grand nombre de ports aux expéditions commerciales et humanitaires, alors que « le Yémen importe environ 90 % de ses denrées alimentaires de base et presque tout son carburant et ses médicaments. »

« Un pas constructif et bienvenu »

Et une fois sur place, encore faut-il que la nourriture et les autres biens puissent être acheminés dans les zones de conflit. Ce qui est loin d’être le cas, selon des journalistes sur place« Même s’il y a eu des progrès le mois passé, avec l’ouverture des ports de la mer Rouge qui a permis l’acheminement de carburant et de biens alimentaires […] nous restons très préoccupés par la détérioration de la situation humanitaire » affirmait début janvier Farhan Haq, l’un des porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui a débloqué dans le même temps 50 millions de dollars de fonds d’urgence pour le Yémen.

Si « l’ouverture des ports d’Al Hudaydah et de Saleef […] est un pas constructif et bienvenu », selon Jamie McGoldrick, la situation humanitaire ne pourra s’améliorer de manière significative sans un règlement politique durable entre la coalition saoudienne et les Houthis. Ce qui n’est pas près d’être le cas, selon les observateurs. Le conflit yéménite, qui a fait, depuis l’intervention militaire de l’Arabie saoudite en mars 2015, plus de 8 000 morts et 50 000 blessés, est l’un des théâtres d’affrontement au Moyen-Orient entre Riyad et Téhéran, qui soutient les rebelles houthistes. « Toutes les parties sont tenues de faciliter le travail des partenaires humanitaires » a tout de même conclu M. McGoldrick.

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