Yémen : le gouvernement affirme avoir repris le Sud aux Houthis

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12.01.2022

L’envoyé de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a exhorté toutes les parties à s’engager dans des pourparlers.

Les forces du gouvernement internationalement reconnu du Yémen ont repris la totalité de la province méridionale de Shabwa aux rebelles houthistes (chiites) soutenus par l’Iran, ont déclaré des responsables mardi. Il s’agit d’un coup dur pour ces derniers, après que les forces gouvernementales ont réalisé des avancées significatives dans le sud du pays au début du mois.

Le gouvernement, aidé par des alliés d’une milice pro-gouvernementale et par des frappes aériennes de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, a progressé dans la province de Shabwa ce mois-ci, reprenant la totalité de la province au cours d’une bataille de 10 jours, ont indiqué ces responsables. Le porte-parole militaire Mohammed al-Naqib a déclaré qu’ils avaient atteint « tous les objectifs » et repoussé les Houthis hors des districts de Ain, Usailan et Bayhan.

Le gouverneur de la province, Awad al-Awlaki, a également annoncé la « libération de Shabwa », remerciant l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui financent la coalition dirigée par Riyad et qui combat les Houthis. Ces derniers n’ont pas fait de commentaires, mais deux chefs rebelles ont reconnu auprès de l’agence américaine Associated Press (AP) qu’ils avaient perdu le contrôle de Shabwa.

Les Houthis ont d’ailleurs pris la fuite vers les provinces centrales voisines de Bayda et Marib. Asel al-Saqaldi, porte-parole de la milice pro-gouvernementale, a déclaré que ses combattants avaient repris aux rebelles chiites de larges pans de territoire dans le district de Harib à Marib. Les Houthis s’étaient emparés de Harib en septembre dernier, dans le cadre de leur offensive sur la ville de Marib.

La prise de Shabwa a permis aux forces gouvernementales de couper les principales lignes d’approvisionnement des Houthis, qui attaquaient la ville clé de Marib, dernier bastion gouvernemental dans le nord du Yémen, depuis le début de l’année dernière. Les rebelles ont repoussé à plusieurs reprises les efforts diplomatiques de l’ONU et des États-Unis visant à mettre un terme à l’offensive de Marib, ainsi que les attaques de missiles et de drones lancées par les rebelles contre l’Arabie saoudite.

L’envoyé de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a exhorté toutes les parties à s’engager dans des pourparlers afin de désamorcer la situation et de trouver un règlement négocié au conflit. « Il n’y a aucune solution durable à tirer de l’escalade militaire », a-t-il déclaré, alors que les combats entre forces gouvernementales et les rebelles houthis se sont accélérés ces derniers mois. Le général de brigade Turki al-Malki, porte-parole de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, a déclaré qu’elle avait lancé une opération militaire sur toutes les lignes de front du conflit « pour libérer tous les territoires yéménites » des Houthis.

Il s’est exprimé lors d’une conférence de presse mardi à Shabwa en compagnie d’al-Awlaki, le gouverneur de la province. Al-Malki a réitéré les accusations de la coalition selon lesquelles les Houthis utilisent le port stratégique de Hodeïda pour la contrebande d’armes, sans fournir de preuves. « Les milices houthistes militarisent les ports et utilisent les civils et les infrastructures civiles comme boucliers », a-t-il déclaré.

Au début de l’année, les Houthis ont saisi un navire émirati en mer Rouge, au large de Hodeïda, affirmant qu’il transportait des armes. La coalition a demandé aux rebelles de libérer le Rwabee, avertissant qu’elle attaquerait les ports utilisés par les rebelles pour saisir le navire. Une telle attaque, si elle se produisait, ferait probablement voler en éclats le fragile cessez-le-feu négocié par l’ONU en 2018, qui a mis fin aux combats autour de ce port stratégique.

Mardi, la mission de l’ONU soutenant l’accord a exigé l’inspection des trois ports de Hodeïda, se disant « prête à répondre aux préoccupations relatives à toute militarisation des ports. » Les efforts de négociation menés par l’ONU, jusqu’à présent, n’ont pas réussi à faire de progrès significatifs dans le conflit qui dure depuis 2014 au Yémen, lorsque les Houthis ont pris la capitale, Sanaa, et une grande partie du nord du Yémen, forçant le gouvernement à fuir vers le sud, puis à s’exiler en Arabie saoudite.

La coalition dirigée par Riyad, soutenue à l’époque par les États-Unis, est entrée en guerre quelques mois plus tard, en mars 2015, pour tenter de rétablir le gouvernement au pouvoir. Le conflit est depuis devenu une guerre régionale par procuration qui a tué des dizaines de milliers de civils et de combattants. La guerre a également créé la pire crise humanitaire au monde, selon l’ONU, laissant des millions de personnes souffrir de pénuries de nourriture et de soins médicaux, poussant le pays au bord de la famine.

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