Le Conseil de sécurité se rassemble pour discuter du plan Trump

« L’ONU reste déterminée à aider les Palestiniens et les Israéliens à résoudre le conflit », a déclaré Antonio Guterres.

Mardi, c’était réunion de crise au Conseil de sécurité des Nations unies (ONU). Deux semaines après que Donald Trump a révélé son « deal du siècle » pour résoudre le conflit israélo-palestinien, le 28 janvier dernier, les quinze Etats membres recevaient notamment le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, pour parler paix entre Israéliens et Palestiniens, mais également au Moyen-Orient, alors que le plan de Donald Trump, pro-Israéliens, a pris tout le monde arabe de court.

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Celle-ci, pour rappel, « autorise » – de manière unilatérale – Israël à annexer toutes les colonies implantées en Cisjordanie, illégales au regard du droit international, ainsi que la vallée du Jourdain, de facto sous contrôle de l’armée israélienne depuis la guerre de 1967. Mais également la partie est de Jérusalem, pour faire de la ville sainte la capitale de l’Etat hébreu. Quant à la solution des deux Etats, si Donald Trump en fait l’un des piliers de son plan, elle ne réserve à la partie palestinienne qu’un territoire morcelé, dépourvue de toute souveraineté.

Solution à deux Etats

A ce titre, Mahmoud Abbas a déclaré devant le Conseil de sécurité que le plan de paix américain renforcerait le régime d’apartheid, récompensant l’occupation israélienne, et éluderait de nombreuses questions fondamentales, comme la responsabilité pour les crimes contre les Palestiniens, l’avenir des réfugiés, auxquelles on peut ajouter l’instabilité de la Jordanie – véritable foyer des Palestiniens selon Israéliens et Américains –, qui ne résisterait sans doute pas à un afflux massif de population en provenance de Cisjordanie.

« Les stipulations de ce plan ne doivent pas être prises en considération pour des négociations », a déclaré le leader palestinien, tout en rappelant que la paix était encore possible. Il a d’ailleurs appelé à la mise en œuvre des 87 résolutions des Nations unies sur le sujet, et demandé au Quartet pour la paix au Moyen-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU) et au Conseil de sécurité de prévoir un mécanisme de médiation pour les négociations, et de convoquer une conférence internationale pour la paix.

« L’ONU reste déterminée à aider les Palestiniens et les Israéliens à résoudre le conflit sur la base des résolutions pertinentes des Nations unies, du droit international et des accords bilatéraux, et à réaliser la vision de deux Etats, Israël et la Palestine, vivant à proximité, en paix et en sécurité à l’intérieur des frontières reconnues en 1967 », a déclaré Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU.

Rejet massif du plan

De son côté, le coordonnateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, a affirmé que l’application du plan Trump, et notamment les annexions prévues, mettrait un terme à la solution à deux Etats. « Elles fermeraient la porte aux négociations, auraient des répercussions négatives dans toute la région et compromettraient sérieusement les possibilités de normalisation et de paix régionales », a-t-il averti.

Dans son discours au Conseil de sécurité, il a également rappelé que la « vision » américaine avait suscité le rejet de la part de certains pays. « Le gouvernement palestinien a rejeté la proposition. La ligue des Etats arabes et l’Organisation de coopération islamique ont également publié des déclarations de rejet, affirmant que la proposition américaine ne répondait pas aux droits et aspirations minimums du peuple palestinien. »

Quant au haut représentant de l’Union européenne, il a déclaré que le plan s’écartait des « paramètres convenus au niveau international »« Un certain nombre d’Etats membres de l’Union africaine ont également rejeté la proposition lors de leur récent sommet », a dit M. Mladenov. Qui a semblé regretter que « de hauts responsables du gouvernement israélien [aient] accueilli favorablement la proposition, déclarant qu’ils seraient prêts à l’utiliser comme base pour des négociations directes. »

En réponse au discours du président palestinien, l’ambassadeur israélien auprès de l’ONU, Danny Danon, a rappelé que la voix vers la paix entre Israéliens et Palestiniens n’avait toujours pas été trouvée, en soixante-dix ans, et a mentionné le plan du président Trump dans des termes élogieux, le qualifiant de « réaliste et novateur ». Selon lui, il a le mérite de le nouveauté et de l’inédit, là où toutes les tentatives, jusqu’à présent, « ont été basées sur les mêmes principes et dogmes ».

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Crédits photo : ONU/Eskinder Debebe

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