Le chef de l’Etat a annoncé lundi soir qu’il renonçait à son 5ème mandat, mais qu’il repoussait également la tenue du scrutin présidentiel.
Dans une lettre adressée aux Algériens lundi 11 mars au soir, Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, a annoncé qu’il renonçait à briguer un 5ème mandat consécutif, alors que des millions d’Algériens manifestent depuis plus de deux semaines pour appeler à un vaste changement politique. Sur les réseaux sociaux comme dans la capitale algérienne, la nouvelle a largement réjoui les contempteurs du régime, qui désespéraient de voir leur président, absent de la scène publique depuis plusieurs années, rempiler pour un autre mandat.
« Nouvelle ère »
« Ce 8 mars, pour le troisième vendredi consécutif, d’importantes marches populaires ont eu lieu à travers le pays. J’ai suivi ces développements et […] je comprends les motivations des nombreux compatriotes qui ont choisi ce mode d’expression », a précisé le président algérien dans sa lettre. Qui, en plus de renoncer au 5ème mandat extrêmement polémique, a également annoncé un report de l’élection présidentielle prévue le 18 avril prochain.
« Le report de l’élection présidentielle vient pour apaiser les appréhensions manifestées afin d’ouvrir la voie à la généralisation de la sérénité, de la quiétude et de la sécurité publique, dans l’objectif d’entreprendre ensemble les actions d’importance historique qui permettront de préparer le plus rapidement possible l’avènement d’une nouvelle ère en Algérie », a annoncé Abdelaziz Bouteflika.
Dans l’expectative
Selon l’agence de presse algérienne, APS, le scrutin présidentiel devrait se tenir « dans le prolongement de la conférence nationale inclusive et indépendante », décidée par le pouvoir en place pour réfléchir à un projet de nouvelle constitution. Problème, cette « conférence nationale », qui doit également se pencher sur la corruption endémique qui règne au sommet de l’Etat, n’a pas de calendrier précis. Ce qui a amené certains Algériens, sur Twitter notamment, à « ironiser » sur la situation.
Côté international, les réactions ont également abondé dès hier soir. En France notamment, alors que des milliers d’Algériens se sont réunis plusieurs dimanches de suite à Paris, place de la République, pour appeler à la fin du « système » Bouteflika. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a souligné la « nouvelle dynamique » dans laquelle devait s’engager l’Etat algérien, afin de « répondre aux aspirations profondes du peuple algérien ». De son côté, Bernard Kouchner, ex-locataire du Quai d’Orsay, a évoqué « un changement majeur de politique », qui devrait mener à « une autre Algérie, complètement nouvelle, avec un rôle plus important des Algériens ». Même si ces derniers restent pour l’instant dans l’expectative.
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