Algériens, rien n’est acquis !

Le coup de théâtre offert lundi soir par le régime en place, qui poursuit sa mascarade, ne trompera pas le peuple.

En fin de journée, lundi 11 mars, les Algériens ont reçu un cadeau empoisonné. La plupart a refusé de l’ouvrir. Habitués à pareilles manœuvres du « système », ils ont reçu l’information selon laquelle le président Bouteflika ne briguera pas de cinquième mandat, et reportait sine die la tenue de l’élection présidentielle en Algérie. Dans la rue, dès hier soir, les slogans anti-5ème mandat, barrés de rouge, ont été remplacés par des « 4+ ». Car le scrutin n’aura pas lieu ; le pouvoir reste donc en place. Ce que le peuple refuse par-dessus tout.

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Naïfs ? Les Algériens ne le sont pas. Ils ont bien compris les manœuvres insidieuses du pouvoir pour continuer d’imposer sa volonté. A savoir, maintenir le président dans son cadre, pendant quelque temps supplémentaire, et organiser une « conférence nationale », chargée de rédiger une nouvelle constitution. Rien qu’une tentative banale d’aspirer la colère du peuple.

Manipulables ? Les Algériens ne le sont pas non plus. Comme le dit le dicton : « Un Homme averti en vaut deux ». Et nous avons tiré bien des leçons du passé, des magouilles de tout bord, des falsifications, des mensonges et des détournements en tout genre. Le flambeau de la vérité dissipera les nuages de la sottise et de l’usurpation. Car ceci demeure un temps de trouble et d’orage ; nulle victoire – ni défaite – encore. Ne l’oublions pas.

Effroyable tableau

Les Algériens ne veulent pas de compromis, pas de demi-libertés, pas de solutions provisoires et pas de mues de la dictature. Le but des manifestations était clair : changer le système et retrouver la liberté volée depuis l’indépendance, en 1962. Date à partir de laquelle le pouvoir n’a gouverné que la faiblesse des Algériens, dans la douleur et le désespoir.

Le but des protestations était de dire non au régime militaire, qui pille le pays depuis des années en laissant, au mieux, les miettes au peuple. Conscient, malgré tout, qu’il arrivait en deuxième position – au mieux – dans l’estime des dirigeants. Ce que ces derniers n’avaient jusqu’alors pas compris. Mais on ne peut donner un verre d’eau à quelqu’un qui a faim. La stupidité du système corrompu n’a eu de cesse d’insulter l’intelligence du peuple.

Quand le premier cessera-t-il donc son aveuglement ? Quand comprendra-t-il qu’il ne récoltera que mépris et dédain tant que son empire ne sera pas détruit par la volonté du peuple, uni face à tant d’abus ? Lorsqu’il ouvrira les yeux, ce système prendra-t-il conscience de ce qu’il aura été ? Rien de plus qu’un effroyable tableau dans la société, masquant la réalité, propageant le mal pour le faire durer sur des générations.

Leadership et stratégie

Rappelons ici que ce pouvoir ne donne rien gratuitement. Il ne peut donc prétendre au civisme, et se retirer à l’amiable ; il ne sort que par la petite porte, la même par laquelle souvent il s’infiltre. Il demeure le synonyme de nos pertes et le dépérissement de l’Algérie. Il vient à nouveau tenter de nous faire avaler l’une de ses pilules empoisonnantes. Mais elle ne passera pas cette fois-ci. Nous sommes immunisés.

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Algériens : n’écoutons pas le système ! Laissons ses préjugés derrière nous ; reprenons le flambeau de la nouvelle constitution ; faisons perdurer notre soif de démocratie – que nous méritons amplement. Hâtons-nous de réinvestir la rue ! Car nous savions depuis le début que les loups ne partiraient pas facilement. Qu’il faudrait être vigilants afin de les évincer. Mais cette cause demeure légitime !

La mobilisation doit ainsi continuer et se réinventer. S’il est des leaders, fidèles à cette patrie qui nous est chère, qu’ils se manifestent. C’est maintenant ou jamais qu’il faut prendre les choses en main et faire preuve de leadership et de stratégie. L’Algérie ne manque pas de femmes et d’hommes intègres et intelligents, à qui il sera facile de mettre à nu cette mafia organisée qu’est le régime en place. Le combat, plus que jamais, continue.

Crédits photo : capture d’écran, Ryad Kramdi/AFP

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