Des Algériens entre espoir et humour

Le pouvoir en place, en Algérie, s’accroche aux rênes de l’Etat, dans ce qui ressemble de plus en plus à une tragi-comédie.

Les Algériens ne sont pas dupes. Abdelaziz Bouteflika – ou son clan plus exactement – a beau avoir annoncé, lundi soir, qu’il renonçait à briguer un 5ème mandat, il reste au pouvoir. Et ce pour un temps indéterminé. Jusqu’à ce que se tienne une « conférence nationale », qui devra accoucher d’un projet de constitution, et précèdera nécessairement l’élection présidentielle, reportée sine die. Un « twist » qui n’a pas surpris grand monde, en Algérie. Où l’on a l’habitude des manigances du pouvoir.

Zidane à la place de Bouteflika

Dans les rues d’Alger comme sur les réseaux sociaux, les réactions, globalement hostiles, ont même joué la carte de l’ironie. L’humour comme remède éternel à la confiscation du pouvoir, pour ainsi dire. Sans jamais perdre de vue le côté tragique de la situation – un régime qui reste sourd à la colère de son peuple. « Les revendications populaires s’adaptent à la ruse du système », titre ainsi Ghilas Aïnouche, caricaturiste de presse algérien. Dont le dessin laisse deviner, non sans légèreté, que la lutte pour la démocratie ne fait que commencer.

De nombreux internautes ont de leur côté choisi de croiser cette information avec le retour de Zinedine Zidane, l’enfant de Kabylie, à la tête du Real Madrid. « Wouldi [Mon fils, ndlr], si tu reviens au Real, je renoncerai au 5ème mandat », prête un Twittos à Abdelaziz Bouteflika, détournant une photo sur laquelle on voit le président algérien embrasser l’emblématique numéro 10 français, après qu’il lui a remis la médaille Athir (Ordre du mérite national) en 2006. Certains « espérant » même que le chef de l’Etat cède sa place à l’ancien footballeur…

Ivresse du changement

D’autres ont utilisé la comparaison footballistique, mais pour dire « stop » à la gabegie politique. Cette étudiante, par exemple, dans les rues d’Alger, brandissant une pancarte où il est inscrit : « Ce n’est pas un match de football, NON aux prolongations !! ». La place Maurice Audin, dans la capitale algérienne, a même vu fleurir les post-it, sur lesquels des jeunes ont inscrit… des messages à l’attention du régime. « La constitution n’est pas un brouillon. Où sont les articles 102 et 7 ? », est-il inscrit sur l’un d’eux, en référence au projet de loi fondamentale sur lequel doit travailler le pouvoir.

Pour rappel, cet article 7 dispose notamment : « Le peuple est la source de tout pouvoir ». Des mots, pour l’instant, qui peinent à se traduire dans les faits. Le lot de toute démocratie, diront certains. Avant de critiquer, essayons ! rétorqueront d’autres. Car les Algériens, étourdis par l’ivresse du changement qui point, demeurent soumis à ce « système » qui refuse de passer la main. Pour l’instant. Mais la tragi-comédie demeure un genre théâtral au dénouement heureux. Et les Algériens ne sont pas dupes. Ils sentent que l’aube d’une ère nouvelle approche.

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