Après de chaotiques négociations, le président Kiir et le chef de l’opposition, Machar, ont nommé 34 ministres et 10 vice-ministres.
Comme le révèle Le Figaro, cette annonce intervenue ce jeudi marque la fin de 18 mois de tergiversations entre les deux rivaux et principales têtes pensantes du pays. Dans les faits, c’est la troisième fois qu’ils gouvernent ensemble avec Salva Kiir comme président et Riek Machar comme vice-président depuis l’indépendance du Soudan de Sud en 2011.
La formation d’un gouvernement d’union nationale était en effet le point clé d’un accord de paix conclu en 2018. Fait marquant, l’épouse de Machar, Angelina Teny, dirigera ministère de la Défense. Une grande première pour une femme.
Machar a longtemps semé le doute
Pour rappel, le SPLM-IO, le groupe de Riek Machar, avait confirmé en octobre dernier dans un communiqué que les conditions inhérentes à l’aboutissement du fameux accord n’étaient toujours pas réunies. Et que ce dernier ne pouvait donc pas voir le jour avant au moins un délai de 6 mois.
« Il y a des points essentiels que nous devons d’abord régler, si nous voulons pouvoir stabiliser le pays et avoir un gouvernement qui sert le peuple. Comme par exemple des questions de sécurité, le nombre de province, leur frontière, et une modification de la Constitution. Il y a eu beaucoup de retard, et c’est pour cela que la date butoir est reportée de 6 mois. Il y a plusieurs raisons à ce retard, mais c’est principalement dû au manque de volonté politique du gouvernement et au manque d’argent pour financer ces changements. L’Etat avait promis de débloquer de l’argent, il ne l’a pas fait. »
De nombreuses zones d’ombre pourraient s’éclaircir
En conséquence, les Sud-Soudanais ont dû encore patienter avant de goûter à une (possible) accalmie politique. Ce dossier – en gestation depuis l’automne 2018 et l’enterrement de la hache de guerre entre les deux protagonistes de l’échiquier national – n’offraient malheureusement pas les garanties sécuritaires suffisantes pour permettre à R. Machar d’envisager un retour à Juba, la capitale.
Par ailleurs, le chef des rebelles considérait que d’autres points culminants liés aux tractations n’avaient pas trouvé d’issue. C’étaient ainsi le cas de l’unification des factions rivales en une seule armée, du tracé des frontières tribales, et du contrôle des violences dans la capitale qui permettrait le retour des déplacés dans leurs maisons.
Concrètement, les velléités de leadership opposant Kiir et Machar ont débouché en décembre 2013 sur une terrible guerre civile qui a fait plus de 400 000 morts sur le territoire. Mais aussi poussé plus de 4 millions de civils, soit près d’un tiers de la population, à quitter leur foyer.
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