Gaza : Israël a tué plusieurs responsables du Hamas

Le mouvement islamiste s’est dit prêt à « résister » et a appelé à une intifada à grande échelle.

Israël a tué une série de hauts responsables militaires du Hamas, mercredi, alors qu’il pilonnait la bande de Gaza de frappes aériennes et que les militants du petit territoire ripostaient par des barrages de roquettes. Des dizaines de personnes sont mortes, ces derniers jours, dans ce qui représente la plus grave flambée de violence depuis la guerre de 2014. Sans qu’aucune résolution ne soit envisageable pour l’instant.

Journée de Jérusalem

Cette dernière éruption de violence, dans la poudrière qu’est cette région du Moyen-Orient, a commencé il y a un mois à Jérusalem. Où des interventions policières musclées, durant le mois sacré musulman du Ramadan, mais également la menace d’expulsion de dizaines de familles palestiniennes par des colons juifs, dans le quartier de Sheikh Jarra, ont déclenché des protestations et des affrontements avec la police.

Des palestiniens armés de pierres ont affronté les forces de l’ordre israéliennes, qui ont répliqué avec des tirs de grenades incapacitantes, lundi, devant la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam. Selon le Croissant-Rouge palestinien, plus de 180 Palestiniens ont été blessés dans cette escalade de la violence, dont 80 transférés dans des hôpitaux.

Les tensions étaient particulièrement vives, alors que les Israéliens célébraient Yom Yeroushalayim, la Journée de Jérusalem, durant laquelle ils commémoraient la prise de la partie orientale de Jérusalem à l’issue de la Guerre des Six Jours, en 1967. En fin de journée, lundi, le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, affirmant « défendre Jérusalem », lançait un barrage de roquettes en direction de l’État hébreu.

« Opération complexe et inédite »

Depuis lors, les militants ont tiré plus de 1 050 roquettes depuis Gaza, selon l’armée israélienne, et Israël a mené des centaines de frappes dans le petit territoire, où deux millions de Palestiniens vivent sous un blocus israélo-égyptien éreintant, depuis que le Hamas a pris le pouvoir en 2007. Deux brigades d’infanterie ont été envoyées dans la région, signe des préparatifs d’une éventuelle invasion terrestre, indique l’agence de presse américaine Associated Press (AP).

Mercredi, Israël a intensifié son ciblage de la branche militaire du Hamas. L’armée a déclaré avoir mené une « opération complexe et inédite », qui a tué le commandant du Hamas chargé de la ville de Gaza, la plus haute figure militaire du mouvement islamiste tuée par Israël depuis 2014. Dans l’une des attaques les plus importantes, des avions de chasse israéliens ont largué deux bombes sur un immeuble de 14 étages dans la ville de Gaza, qui s’est effondré.

Le bilan des victimes à Gaza s’est alourdi à 53 Palestiniens, dont 14 enfants et 3 femmes, selon le ministère de la Santé. Au moins 320 personnes ont été blessées, dont 86 enfants et 39 femmes. Six Israéliens ont été tués par des tirs de roquettes, dont le premier décès d’un soldat israélien dans ce cycle de conflit, ainsi que trois femmes et un enfant. Des dizaines de personnes ont été blessées en Israël.

Accords de normalisation

Rien n’indique que l’une ou l’autre des parties soit prête à faire marche arrière, renseigne AP. Le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a promis d’intensifier l’offensive, affirmant que « cela prendra du temps ». Le Hamas, de son côté, a appelé à une intifada à grande échelle. Le dernier soulèvement de ce type ayant commencé en 2000 et duré plus de cinq ans.

L’agitation à Jérusalem et la bataille qui s’ensuit surviennent à un moment où le processus de paix israélo-palestinien, longtemps dans l’impasse, devient pratiquement inexistant. De quoi alimenter la frustration des Palestiniens. Cela fait sept ans que les deux parties n’ont pas tenu de négociations officielles. La scène politique israélienne y prête peu d’attention, et le processus de paix n’a guère été un enjeu lors des récentes élections dans le pays. Les nations arabes, dont plusieurs ont récemment conclu des accords de normalisation avec Israël, font de leur côté rarement pression en faveur d’une résolution.

 

Crédits photo : une femme palestinienne pleure son fils tué lors d’affrontements avec les forces israéliennes, pendant ses funérailles dans le village d’Aqqaba, près de la ville de Tubas en Cisjordanie, mercredi 12 mai 2021 (AP Photo/Majdi Mohammed).

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