Mardi, les étudiants ont clamé leur hostilité au système, tandis que la société civile est à la recherche d’une cohésion.
En Algérie, la société civile veut montrer au « système » qu’elle est prête à aller de l’avant. Alors que doit se tenir, samedi prochain, une conférence nationale citoyenne, au cours de laquelle une « feuille de route consensuelle » de sortie de crise doit être adoptée, près de 70 organisations se sont réunies le 8 juin dernier à Alger pour esquisser un début d’entente. Non seulement sur la nécessité de mettre fin au vieil appareil d’Etat – toutes sont d’accord à ce sujet -, mais surtout en ce qui concerne l’ « après ».
« Acceptation de la diversité »
Car « si un large consensus s’est d’emblée constitué entre les parties engagées dans ce dialogue inédit – autour notamment de la rupture radicale avec le système en place et le rejet des élections à courte échéance -, des divergences subsistent néanmoins, à propos surtout de la stratégie et des mécanisme de la transition », révélait El Watan il y a quelques jours.
Ainsi, parmi les Dynamiques de la société civile, qui regroupent la Confédération des syndicats autonomes, le Forum civil pour le changement et le Collectif de la société civile, « deux tendances lourdes se dégagent », selon le quotidien francophone algérien. Tandis que l’une appelle à la mise en place d’une Constituante avant d’envisager la refondation du système, l’autre estime qu’il convient d’organiser une élection présidentielle dans les plus brefs délais. A charge pour le nouveau chef de l’Etat d’initier « les réformes qui s’imposent ».
Malgré ces divergences, les organisations se montrent optimistes dans leur ensemble, comme l’a affirmé Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), membre du Collectif de la société civile. Celui-ci de souligner « l’acceptation de la diversité » et la « prise de conscience » concernant le caractère sensible de la situation présente.
« Départ de tous les voleurs »
Pour rappel, une semaine après la démission du président Abdelaziz Bouteflika, le 9 avril dernier, Abdelkader Bensalah a été désigné chef d’Etat par intérim, conformément au texte constitutionnel. Le 6 juin, il a appelé au « dialogue » afin de permettre la tenue d’un scrutin présidentiel, bien que le Conseil constitutionnel algérien ait constaté, quelques jours plus tôt, « l’impossibilité » d’organiser une telle élection, en l’absence de candidature recevable. Le président du Conseil de la nation (chambre haute du Parlement en Algérie) a ensuite confirmé qu’il resterait en place jusqu’à l’élection d’un nouveau chef de l’Etat.
Une décision qu’ont largement contestée les étudiants, notamment, réunis hier, comme tous les mardis, dans les rues d’Alger. Pour eux, pas question de « dialoguer » avec le président par intérim, qui personnifie trop l’ancien système à leur goût. « Nous sommes favorables au dialogue, mais pas avec Bensalah. Il faut qu’il soit mené par des personnalités honnêtes et crédibles », a par exemple expliqué à l’AFP Sara Adbelali, une étudiante en droit. « Nous ne sommes pas prêts à dialoguer avec M. Bensalah et avec le Premier ministre Noureddine Bedoui, qui ont participé à la fraude électorale par le passé », a quant à lui précisé un étudiant en sciences islamiques.
La tenue rapide d’un scrutin signifierait, pour les étudiants – qui étaient accompagnés d’enseignants -, le maintien au pouvoir de l’appareil Bouteflika. D’autant plus que rien n’indique qu’il offrira la transparence et l’équité attendus. « Nous continuerons à descendre dans la rue jusqu’au départ de tous les voleurs », scandaient ainsi certains manifestants.
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