Diverses formations politiques n’arrivent pas à s’entendre sur leur représentation au sein du futur Cabinet.
Si certains doutaient de la volonté de Saad Hariri de former un gouvernement, les voilà sans doute rassurés. Tout juste rentré de vacances, le Premier ministre libanais a lancé avant-hier de nouvelles tractations en vue de nommer son équipe gouvernementale, comme il l’a déclaré à l’issue d’un entretien avec le président de la Chambre, Nabih Berry. « Durant les deux prochains jours, je tiendrai une série de réunions et je pourrai me rendre à Baabdat prochainement [pour rencontrer le président Michel Aoun] » a effectivement annoncé le patron du Courant du futur, qui a vu le parti chiite du Hezbollah arriver en première position lors des législatives de mai dernier.
Lire aussi : Liban : une petite ville défraie la chronique sur l’uniforme de ses auxiliaires de circulation
Pas de quoi émousser, donc, sa détermination à faire avancer le pays. A la fois optimiste et pragmatique, reconnaissant tout de même qu’il existait certaines difficultés dans la formation de ce nouveau gouvernement, M. Hariri n’en a pas moins assuré qu’il ne renoncerait pas à sa mission, appelant les acteurs politiques à « faire des sacrifices dans l’intérêt du pays » et insistant sur le fait que « dans ce pays, personne ne peut éliminer qui que ce soit ». Une référence, notamment, à la vive querelle entre les Forces libanaises (FL, conservateur) et le Courant patriotique libre (CPL, centre), réclamant tous deux davantage de présence au sein du cabinet, qui a jusqu’à présent empêché le gouvernement de se former.
« Lutte contre la corruption »
D’après le quotidien libanais L’Orient-Le Jour, MM. Hariri et Berry ont évidemment discuté de ce blocage lors de leur entrevue, tandis que le patriarche maronite, Monseigneur Béchara Raï, a tenté de son côté de le résoudre – les deux partis étant d’obédience chrétienne. Celui-ci devrait d’ailleurs s’entretenir aujourd’hui avec le ministre sortant de l’Information, Melhem Riachi (FL), et un député CPL du Metn (est de Beyrouth), Ibrahim Kanaan, après avoir rencontré le président Aoun, afin de consolider la trêve médiatique observée entre les membres des deux partis. L’occasion, sans doute, pour ce dernier, de rappeler combien il était important pour le Liban qu’un nouvel exécutif voie rapidement le jour.
Lundi dernier, le chef de l’Etat avait déclaré que le futur gouvernement accordera une attention particulière au dossier économique, alors que le Liban devrait connaitre une croissance fragile cette année. « Le prochain cabinet portera une attention particulière au dossier économique et poursuivra la lutte contre la corruption, et cela en parallèle avec la résolution des questions qui préoccupent les Libanais dans un contexte de stabilité sécuritaire dont jouit le pays depuis plus d’un an et demi » s’était-il effectivement exprimé. Ceci, tandis que le président du Parlement, Nabih Berry, a estimé de son côté que la situation économique et politique du pays du Cèdre était « plus que mauvaise ».
Tractations politiques
Ce n’est pas tout. Outre la passe d’armes entre les deux formations chrétiennes, « il y a aussi le différend opposant le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, à son principal rival sur la scène druze, Talal Arslane, chef du Parti démocrate libanais » note L’Orient-Le Jour. Le premier insiste effectivement sur son « droit » à monopoliser les trois sièges druzes dans un cabient de trente membres ; le second, soutenu par les Aounistes, voulant également faire partie de l’équipe gouvernementale. Des tensions qui ont forcé Saad Hariri à hausser le ton. « Les prérogatives du Premier ministre figurent dans la Constitution et je refuse qu’on empiète dessus » a-t-il martelé, rappelant qu’il aurait le dernier mot.
Concernant, enfin, le sort réservé au Hezbollah, parti politique proche de la République islamique d’Iran – ennemie jurée de l’Arabie saoudite, qui soutient le Liban depuis des décennies -, le chef du gouvernement a fait savoir qu’il ne pourrait pas observer ses volontés, arguant du fait que les Etats-Unis s’apprêtaient à infliger au « parti de Dieu » de nouvelles sanctions. Il ne devrait donc pas y avoir de sunnites proches du Hezbollah dans le prochain gouvernement libanais. Une décision dont ne s’accommodera sans doute pas la formation chiite, qui souhaite asseoir sa position – politique et militaire – au Liban. Notamment parce que l’Iran est fortement engagée dans la Syrie voisine. De quoi promettre de longues semaines de tractations politiques.
Lire aussi : « L’histoire du royaume avec le Liban est pleine de bonté et d’amour »

Rédacteur en chef