Les shebab ont exécuté dix de leurs membres soupçonnés de travailler pour le compte du renseignement somalien.
Le groupe djihadiste, qui gangrène le pays, a décidé de procéder à un « petit ménage estival » au sein de ses troupes la semaine dernière. Au total, pas moins de dix hommes ont subi la peine capitale pour avoir joué un rôle présumé d’informateur auprès des autorités de Mogadiscio. Pour autant, ce genre de règlement de compte « maison » n’est pas si rare puisque quatre personnes ont connu le même sort en mars, cinq en octobre, et deux en mai 2018.
Selon RFI, « les espions présumés sont souvent des civils vivant à proximité de leurs bases. Ils sont alors jugés par des cours contrôlées par les shebab, avant d’être abattus par un peloton d’exécution… et d’avoir la gorge tranchée ou d’être lapidés ». Mais ce n’est pas tout, car ces actes barbares se déroulent également « en place publique » et bénéficient d’une exposition médiatique de premier choix « sur les canaux de propagande du mouvement. Le but étant inspirer la peur ».
Paranoïa
De son côté, l’expert Brian Perkins, de la Fondation Jamestown, considère que la hausse des exécutions correspond à l’intensification des frappes américaines sur le territoire et à une rivalité accrue avec l’Etat islamique. Ces données renforceraient ainsi de facto la paranoïa au sein des hautes instances des shebab.
Pour rappel, le gouvernement central somalien résiste toujours tant bien que mal aux assauts répétés du terrorisme. Le soutien dont il bénéficie sur l’échiquier mondial auprès de l’ONU et surtout de l’Union africaine n’est bien sûr pas étranger à cela. Malheureusement, cela ne suffit pas ou plus.
Et pour cause, bien que les islamistes des shebab disposent d’une marge de manœuvre plus faible depuis 2011 et la perte de Mogadiscio, ils restent malgré tout encore très actifs sur le territoire. Notamment dans de vastes zones rurales, d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides jusque dans la capitale.
Mode opératoire courant
Enfin, toujours sur le même thème, il est important de rappeler que Boko Haram fonctionne de la même façon avec ses déserteurs. Ce fut ainsi le cas en septembre 2018 lorsque Ali Gaga, chef local du groupe au nord-est du Nigéria, a été mis à mort par les membres de sa propre faction. Et cela, pour avoir négocié sa reddition auprès d’Abuja.
Comme le révèle VOA Afrique, « Gaga avait (en effet) pris contact avec des intermédiaires pour négocier sa reddition, puis rassemblé 300 otages qu’il prévoyait de remettre aux forces armées nigérianes patrouillant dans la zone du lac Tchad. Le tout, en gage de bonne foi ». Pour autant, ses plans n’ont pas abouti puisque « la nouvelle direction de la faction avait eu vent de ses projets… »
A lire aussi : Somalie : l’ex-numéro 2 des shebab se lance en politique
