La communauté internationale, ONU et UA en tête, milite pour que le Soudan du Sud gagne la paix après 5 ans de guerre civile.
« L’objectif était d’exprimer notre solidarité conjointe à la population du Soudan du Sud », a rappelé le secrétaire général adjoint des Nations unies (ONU) aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, lors d’une conférence de presse mardi à Djouba, la capitale sud-soudanaise. La veille, la délégation conjointe de l’ONU et de l’Union africaine (UA) s’est rendue à Bentiu, dans le nord du pays, pour visiter un camp de protection des civils, où elle a notamment entendu des femmes raconter leurs histoires. « Notre message était également qu’il y a une lueur d’espoir au Soudan du Sud avec l’accord revitalisé et que, même s’il reste un long chemin à parcourir pour instaurer la paix au Soudan du Sud, c’est encourageant », a ajouté M. Lacroix.
« Application immédiate »
Des propos qui font échos à ceux prononcés par David Shearer, le chef de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud, en septembre dernier, après la signature d’un accord de paix « revitalisé » entre Salva Kiir, le président sud-soudanais, et Riek Machar, son ancien vice-président, dont les troupes se livrent à une guerre civile depuis 2013. « Nous savons […] que les plus grands défis sont encore à venir, avait déclaré M. Shearer, qualifiant l’accord signé par les deux parties de « pas sur la voie d’une paix durable ». Même son de cloche chez le commissaire de l’UA pour la paix et la sécurité, Smaïl Chergui, qui a qualifié, mardi dernier à Djouba, l’accord de paix revitalisé de « point de départ » d’efforts importants à mener :
« Je pense que le sentiment immédiat que nous avons est que tout le monde est maintenant non seulement attaché à l’accord de paix, mais exige également son application immédiate, sa mise en œuvre fidèle. »
Les solutions pour résoudre le conflit, selon Smaïl Chergui, devront obligatoirement inclure les femmes et les jeunes, trop souvent laissés de côté lorsqu’il s’agit de gagner la paix. Car « ce sont eux qui souffrent lors des crises au Soudan du Sud », a affirmé le commissaire africain. Il y a quelques jours, l’ONG internationale Search for Common Ground (SFCG), qui milite pour la fin des conflits dans le monde et œuvre au Soudan du Sud depuis 2014, a d’ailleurs publié une étude dans laquelle elle incite les Sud-Soudanaises à s’asseoir à la table des négociations. Aujourd’hui, du fait de leur absence, « près de la moitié de la population [se voit exclue des négociations], ce qui compromet la stabilité à long terme », pointent effectivement du doigt les auteurs de l’étude.
Dialogue national
La directrice exécutive d’ONU Femmes, la Sud-Africaine Phumzile Mlambo-Ngcuka, a indiqué, après le passage de la délégation ONU/UA, que de nombreuses Sud-Soudanaises avaient exprimé leurs attentes quant à l’accord de paix revitalisé. Et notamment leur volonté de se voir incluses dans les réformes à venir pour rebâtir le pays. « Il y a certainement un soutien en faveur de l’accord. Elles veulent que cela réussisse, a déclaré Mme Mlambo-Ngcuka. Elles ont souligné l’importance des infrastructures et celle de l’alphabétisation et de l’éducation, domaine qui a beaucoup souffert. Elles veulent redevenir des citoyennes économiquement productives et ne pas rester coincées dans les camps. »
Fin septembre dernier, à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, le Premier vice-président du Soudan du Sud, Tabang Deng Gai, s’était félicité des progrès réalisés par son pays vers la paix. Et confirmé la tenue, après une période de transition de 36 mois, d’élections libres et régulières, qui devront associer tous les citoyens – les femmes, mais également les religieux, donc. « Le conflit peut être le moteur d’une évolution positive, si nous sommes conscients d’où nous venons, de là où nous nous trouvons et de la direction à prendre » avait-il conclu. Dans la foulée, il avait également annoncé le lancement, par le président Salva Kiir, d’un dialogue national. Toujours dans l’optique de gagner la paix.
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