Présidence de la CAF, un enjeu stratégique pour la Tunisie

Le 12 mars, la CAF connaîtra son nouveau président. Si, malgré les affaires, le Malgache Ahmad Ahmad pensait être l’unique candidat, le Tunisien Tarek Bouchamaoui a décidé de se lancer dans la course, avec un véritable projet.

La course à la présidence de la Confédération africaine de football ne cesse d’agiter les médias, en Tunisie plus qu’ailleurs. Car si Ahmad Ahmad brigue un nouveau mandat, le Malgache était persuadé de pouvoir faire cavalier seul, la plupart des potentiels prétendants au fauteuil ayant assuré qu’ils ne se présenteraient pas si l’ancien ministre malgache tentait de briguer un nouveau mandat. Mais le 12 mars prochain à Rabat, Ahmad Ahmad pourrait tomber sur un os… De la Tunisie, un homme tente en effet de rendre la course à la présidence plus compliquée pour le président sortant, empêtré dans de nombreuses affaires financières. Tarek Bouchamaoui a, depuis plusieurs mois, montré son intérêt pour ce poste, sans que cela ne déchaîne les passions en Tunisie. Mais l’importance stratégique de ce poste de président de la Confédération a finalement poussé les autorités à soutenir le Tunisien. Le ministère de la Jeunesse et des Sports vient d’adouber le membre du Comité exécutif de la CAF et du Conseil de la FIFA.

« Il y a vingt ans, la Tunisie était le seul pays du Maghreb à mener en Afrique une action diplomatique d’envergure. Aujourd’hui, il est pratiquement le seul qui n’en mène pas une », écrivait il y a plusieurs années Mohsen Toumi, ancien expert de l’ONU. Les passages à Carthage de Moncef Marzouki, puis de Béji Caïd Essebsi n’y ont rien fait. Au niveau économique, la Tunisie est à la peine en Afrique. Les échanges entre le pays du nord du continent et l’Afrique subsaharienne sont en effet très faibles — à peine 2,3 % du commerce extérieur du pays du Maghreb. Diplomatiquement également, malgré une tentative de la part du président tunisien Kaïs Saïed, en mai dernier, de relancer « un modèle de coopération afro-africaine » avec son homologue sénégalais Macky Sall, la Tunisie est très en retard. A l’heure où ce pays peine à aller au-delà de ses frontières, soutenir la candidature de Tarek Bouchamaoui à la présidence de la CAF semblait donc être une opportunité, pour le pays d’Afrique du Nord, de relancer sa politique continentale.

Le soutien du ministre de la Jeunesse et des Sports n’est d’ailleurs pas anodin. Tarek Bouchamaoui est en effet le seul candidat capable de mettre fin à l’hégémonie d’Ahmad Ahmad. Mais la pandémie et la gestion calamiteuse de l’institution, ponctuée par de nombreuses affaires de corruption et de détournements de fonds, ont fragilisé le Malgache à qui un unique et dernier mandat semblait promis. Connu pour son amour du football, Tarek Bouchamaoui veut également redonner à la CAF ses lettres de noblesse. Parmi les points de son programme, le Tunisien veut revoir le modèle économique de la CAF, moderniser l’administration, soutenir les fédérations pour développer les infrastructures et améliorer les compétitions pour proposer un meilleur produit sportif. Tarek Bouchamaoui incarne, de par son parcours et avec sa personnalité sans faille, la rigueur, la transparence et l’honnêteté. Des atouts pour ce « Monsieur Propre » qui, aujourd’hui, dérange ceux qui ont fait de la CAF une chasse gardée et une source de revenus. Il est aussi l’espoir, pour la Tunisie, de rayonner au niveau continental.

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