Selon l’ACLED, un observateur de guerre, le conflit au Yémen a fait plus de 60 000 morts depuis janvier 2016.
Hier, les parties au conflit yéménite, réunies depuis jeudi dernier à Rimbo (60 km au nord de Stockholm), en Suède, pour tenter de mettre fin à la guerre, se sont entendues sur la libération de prisonniers, après une réunion à huis clos. D’après Askar Zouail, membre de la délégation du gouvernement yéménite cité par Al Jazeera, celle-ci a présenté aux Nations unies (ONU) une liste de 8 576 détenus, tandis que les Houthis ont soumis quelque 7 487 noms. Loin d’être anecdotique, cet « échange de prisonnier » est un acte « d’une importance capitale pour des milliers de familles », avait déclaré Martin Griffiths, l’envoyé spécial de l’ONU au Yémen, à l’ouverture des pourparlers.
Selon Hamza al-Kamali, autre membre de la délégation gouvernementale, les combattants rebelles devraient ainsi libérer plusieurs commandants de haut rang dans les prochains jours, dont l’ancien ministre de la Défense du Yémen, le général Mahmoud al-Subaihi, capturé au début de l’année 2015. D’après un document obtenu par Al Jazeera, le gouvernement aurait également demandé la libération d’au moins 800 enseignants et plus de 350 enfants. Si aucun nom de hauts responsables n’a fuité côté Houthis, Abdul Qader al-Murtada, membre de la délégation rebelle, a précisé que l’échange des prisonniers débuterait le 20 janvier prochain. « Les deux parties ont convenu que [ces derniers] seront transportés par avion depuis l’aéroport de Sanaa et de Say’un, et que la Croix-Rouge fournira les appareils », a-t-il indiqué.
2018 particulièrement meurtrière
Une entente bienvenue entre les deux camps, sur un point précis, qui ne doit pas faire oublier que certaines difficultés restent à surmonter. Ainsi, selon Askar Zouail, le gouvernement et les Houthis ne s’entendront sans doute pas sur un cessez-le-feu à l’issue des pourparlers, même si des « progrès » étaient attendus de ce côté a-t-il affirmé. C’est pourtant la première des nécessités. Car le pays s’enfonce toujours un peu plus dans la crise humanitaire – « la pire du monde » selon l’ONU -, alors que 80 % des Yéménites ont besoin d’une aide et près de 14 millions de personnes sont en situation de « pré-famine ». Les ONG craignant à présent que les combats reprennent avec force à Hodeïda (ouest), la ville portuaire qui voit passer 70 % des importations au Yémen – alimentaire et santé notamment.
Hier, l’ACLED (Armed Conflicts Location and Event Data), un observateur de guerre qui collecte et analyse les données, a de son côté annoncé que les combats avaient fait quelque 60 000 morts depuis janvier 2016. Soit moins d’un an après que l’Arabie saoudite a débuté sa campagne aérienne pour venir en aide à l’armée yéménite, en mars 2015. 2018 a d’ailleurs été particulièrement meurtrière, puisque 28 182 personnes, au moins, ont péri au cours des 11 premiers mois de l’année (soit une augmentation de 68 % par rapport aux chiffres de 2017), rapporte également l’ACLED. Tandis qu’en novembre, alors que la communauté internationale exerçait une rare pression sur les acteurs du conflit yéménite, afin qu’ils cessent les combats et acceptent de se rencontrer, au moins 3 058 personnes ont été tuées.
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