Palestine : le Hamas boycotte une réunion avec le Fatah sur Jérusalem

L’Autorité palestinienne doit adopter une réponse à apporter à Donald Trump.

Y aurait-il de l’eau dans le gaz à Ramallah ? Alors que doit se tenir, demain et lundi, dans la capitale palestinienne, une réunion de l’Autorité palestinienne (AP), pour examiner une réponse possible à la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël, le Hamas a déclaré aujourd’hui qu’il n’y participerait pas. « Nous avons pris la décision de ne pas participer à la réunion du Conseil central (palestinien) à Ramallah » a déclaré le mouvement dans un communiqué, soulignant toutefois son « engagement en faveur de l’unité de notre peuple. »

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« Le projet de réconciliation s’effondre »

La raison de ce refus ? « Les conditions dans lesquelles le comité se réunira ne lui permettront pas d’effectuer un examen politique complet et responsable, et empêcheront la prise de décisions à la hauteur de nos aspiration » a indiqué le Hamas. Qui avait fait pression pour que la réunion se tienne en dehors des territoires palestiniens, sauf que le chef de l’AP, Mahmoud Abbas, a tranché en faveur de Ramallah. Une solution qui, selon le mouvement islamiste, soumettra les Palestiniens aux « pressions » d’Israël, l’Etat hébreu arrêtant souvent certains de ses responsables.

La non-participation du Hamas promet en tout cas de crisper davantage les relations entre les deux mouvements, qui avaient signé, en octobre dernier, un accord pour la restitution du contrôle administratif de la Bande de Gaza et des postes-frontières avec l’Egypte et Israël. Sauf que sa mise en œuvre est laborieuse, certains désaccords n’ayant pas disparu ; en décembre dernier, Yehya Al Sinouar, le chef du Hamas, avait même laissé entendre qu’il finirait aux oubliettes comme les autres tentatives de rapprochement. « Le projet de réconciliation s’effondre. Cela saute aux yeux » avait-il affirmé.

Reconnaissance d’Israël

D’un côté, le Hamas assurait avoir transmis la totalité du contrôle administratif du territoire gazaoui, ce que, de l’autre, réfutait le Fatah. Le premier d’accuser ensuite le second de ne pas avoir versé le salaire des Gazaouis, dont la situation – économique, humanitaire – est d’ailleurs préoccupante. Des journées presque sans électricité, un chômage de masse (plus de 40 %), plus de 80 % des Gazaouis tributaires d’une aide… En outre, les deux mouvements ne sont toujours pas parvenus à s’entendre sur le sort de dizaines de milliers de fonctionnaires du Hamas et l’avenir de sa vaste branche armée.

Des dissensions qui n’empêcheront toutefois pas l’AP de se réunir et de discuter de la réponse à apporter au président des Etats-Unis. Certaines sources palestiniennes évoquent même la possibilité de suspendre la reconnaissance par la Palestine de l’Etat d’Israël. Une solution qui isolerait en réalité Mahmoud Abbas et les Palestiniens sur la scène régionale. Au début du mois de janvier, le New York Times révélait que l’Egypte, qui avait pourtant chapeauté l’accord entre le Fatah et le Hamas, pourrait s’éloigner de leur position et suivre celle de M. Trump au sujet de Jérusalem.

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