Selon le ministère turc des Affaires étrangères, 345 000 Syriens seraient nés en Turquie depuis 2011.
Pauvreté, absence d’éducation, suivi psychologique inadéquate, enrôlement dans des organisations criminelles, mariages forcés… Les risques auxquels sont confrontés les réfugiés syriens vulnérables présents en Turquie ne manquent pas. En particulier pour les enfants. Dans un rapport publié le 11 février dernier, l’International Crisis Group (ICG) a mis en lumière les difficultés rencontrées (depuis plusieurs années) par les autorités turques pour « gérer » les Syriens qui ont fui la guerre. Et se retrouvent notamment dans le sud-est du pays, à Sanliurfa, l’une des régions qui accueillent le plus de réfugiés.
« Redoubler d’efforts »
« La Turquie accueille 3,6 millions de réfugiés syriens, dont la moitié ont moins de 18 ans. En dépit de l’aide européenne, les tensions s’exacerbent à mesure que le pays s’efforce de faire face à cet afflux », note d’emblée l’ONG internationale basée à Bruxelles (Belgique). Qui, contrairement aux années précédentes, souligne également que « l’exposition à la discrimination et à l’exploitation, les traumatismes psychosociaux non pris en compte et le manque de soutien pour l’acquisition de compétences et la formation professionnelle augmentent » pour toute « une génération de jeunes Syriens ».
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L’école, en particulier, représente effectivement l’un des points sensibles de l’équation. Si, dans la province de Sanliurfa, les établissements scolaires accueillent environ 48 000 enfants réfugiés, une grande majorité est aujourd’hui déscolarisée. « Trop », regrette l’ICG dans son rapport, qui pointe du doigt les « capacités inadéquates » des écoles turques, déjà « surchargées ». Ce qui risque, selon l’ONG, de laisser de côté de nombreux enfants, « dont la plupart ne parlent pas turc », augmentant le risque de « tensions sociales ». D’où la nécessité, pour « Ankara et les donateurs extérieurs », de « redoubler d’efforts ».
« En Turquie à long terme »
Car les besoins des jeunes réfugiés syriens vont continuer de croître, alors même que la guerre contre l’organisation Etat islamique (EI), en Syrie, s’apprête à connaitre son terme, selon le président américain. Environ 50 % des Syriens présents en Turquie ont effectivement moins de 18 ans et « le taux de natalité des réfugiés syriens [reste] élevé », indique l’ICG. Selon le think tank américain Atlantic Council (apolitique et spécialisé dans les relations internationales), qui se base sur des chiffres du ministère turc des Affaires étrangères d’août 2018, quelque 345 000 Syriens seraient ainsi nés en Turquie depuis 2011.
« Les autorités turques prévoient qu’en 2028, il y aura environ 5 millions de Syriens en Turquie, dont la plupart auront moins de 18 ans », selon l’International Crisis Group.
Le nombre de réfugiés syriens, logiquement, ne devrait pourtant pas augmenter, puisque la frontière entre les deux pays reste « fermée ». Mais c’est sans compter un éventuel effondrement de l’accord passé entre la Turquie et la Russie, en septembre 2018, afin de prévenir une offensive du gouvernement syrien à Idlib (nord), qui pourrait faire fuir de nouveau les populations syriennes. A l’inverse, si « la plupart des Syriens disent qu’ils ne reviendront pas avant [la chute de] Bachar al-Assad », le ministère turc de l’Intérieur révélait le 31 décembre dernier que 294 480 réfugiés avaient déjà fait le voyage du retour. Mais « Ankara a raison de penser qu’un grand nombre de Syriens seront en Turquie à long terme », estime l’ICG.
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