Le livre de la chercheuse Amélie M. Chelly fera « référence », selon le politologue Sébastien Boussois, spécialiste du Moyen-Orient.
L’islamisme qui se répand dans le monde depuis des décennies n’est pas « un » islamisme, mais bien un phénomène mondial pluriel qui recouvre des dizaines de courants, des centaines de leaders et d’idéologues et des millions de sympathisants, plus ou moins actifs. Il y a eu beaucoup d’ouvrages sur chacune de ses variantes, mais il n’y avait pas encore en français de dictionnaire « des » islamismes, aussi riche, aussi diversifié, et aussi complet, que celui que nous livre la sociologue et iranologue Amélie M. Chelly (éditions du Cerf, 2021).
Auteure précédemment d’ « En attendant le paradis », et de l’ « Iran, autopsie du chiisme », elle est aussi chercheuse associée à l’EHESS et professeure de géopolitique à Paris Dauphine. Ce qui lui permet, de par son expertise, d’appréhender le sujet sous ses multiples composantes : philosophique, religieuse, politique, sociologique et géopolitique. Un fait social presque total, pour paraphraser Marcel Mauss.
Depuis plusieurs décennies, cette nébuleuse complexe, opaque, se diffuse tel un venin sur tous les continents, et l’auteure propose un ouvrage avec plus de 200 entrées qui tentent de couvrir l’ensemble du phénomène politique, géopolitique, sociologique et religieux se revendiquant de l’islam. Elle nous propose ici un découpage thématique selon trois types de mots : des mots issus du religieux, des concepts construits dans le cadre des islams idéologiques, et enfin ceux liés à l’évolution des grands courants islamistes.
Variantes du courant
D’Abaya à Zolfeqar, Chelly revient aussi bien sur des mots rares, qu’en détail sur des mots galvaudés souvent utilisés à tort et à travers dans les médias, comme anashid, ansar al charia, charia, choura, fatwa, oumma, ou encore takfirisme et wahhabisme. L’objectif de l’auteure est de pouvoir approcher sous un autre angle une terminologie utilisée par tous ces courants, et voir, au-delà des mots, la réalité qu’ils recouvrent.