Iran : Téhéran ne veut pas renoncer au juteux marché irakien

De nouveau fragilisée par l’embargo américain, la République islamique tente de préserver ses liens avec Bagdad.

Levées sous la présidence d’Obama, les sanctions US à l’encontre des secteurs pétrolier et financier iraniens ont en effet retrouvé de leur superbe le 5 novembre dernier. Cette décision est le fruit de la politique menée par son successeur, Donald Trump. Ce dernier n’ayant jamais caché sa méfiance envers les intentions nucléaires du géant perse. Tout en fortifiant parallèlement une relation diplomatique toujours plus forte avec Israël… ennemi héréditaire de l’Iran.

Dommage collatéral, Washington a également entraîné l’Europe dans son sillage. Le Vieux Continent, sous pression dans ce dossier, doit donc trouver des solutions alternatives pour continuer à commercer avec Téhéran. Et cela, sans froisser l’ogre américain. Ce qui est loin d’être une partie de plaisir puisque la Maison Blanche opère un chantage particulièrement tenace envers les pays tiers se risquant à braver les interdits.

Les entreprises asiatiques et de l’UE seront ainsi exclues du marché outre-Atlantique si elles persistent à importer du pétrole iranien, ou d’échanger avec des banques locales ciblées par l’Oncle Sam. Ces dernières n’ont d’ailleurs plus accès aux circuits financiers internationaux, bloquant de facto tout possibilité de virement, par exemple.

Par ailleurs, il est important de noter qu’une liste noire comprenant 600 individus et entités en Iran verra prochainement le jour, a rappelé récemment Mike Pompeo, le chef de la diplomatie US. Le but : “Forcer le régime d’Hassan Rohani à changer de comportement”.

Téhéran doit limiter les dégâts

Face à ce marasme diplomatique, l’Iran cherche donc à garder « le drapeau » hors de l’eau. Comment ? En commençant par préserver ses intérêts économiques en terres irakiennes, son deuxième client à l’international pour des produits allant de l’électroménager aux légumes, en passant par les voitures, l’électricité ou encore le gaz.

Le président Rohani a d’ailleurs lancé lundi, à Bagdad, le coup d’envoi de l’opération reconquête. Et n’a pas manqué d’appeler les autorités locales à « renforcer et développer les relations entre les deux pays… Et surtout ne pas comparer les relations irano-irakiennes à celles entre Bagdad et Washington ». Des accords dans les domaines des transports et de l’énergie nourrissent ainsi légitimement les ambitions de la délégation perse, confirme Le Figaro.

Pour rappel, la situation reste particulièrement problématique pour les Irakiens, puisque l’Etat est confronté actuellement à une sévère pénurie d’électricité. La production domestique ne couvrant que 60% de la demande… Sachant que les attaques terroristes contre les lignes à haute tension se multiplient dans le même temps sur le territoire.

Vers une auto-suffisance énergétique

Alors que l’Irak pourra atteindre une auto-suffisance énergétique au minimum dans quatre ans, selon les experts, une décision d’urgence doit logiquement émerger. Et vite de préférence. Bagdad, qui achète 1300 mégawatts d’électricité à l’Iran, a donc accepté de dessiner une « feuille de route » en échange d’une « exemption américaine » temporaire dans ce dossier.

En ce sens, l’Etat a déjà signé début 2018 un protocole d’accord avec la compagnie US, Orion Gas Processors, pour exploiter le gaz du champ pétrolier de Ben Omar (Sud). La réponse à cette épineuse équation se trouvant « manifestement » sur son sol.

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