Syrie : 170 personnes tuées chaque jour en 8 ans de guerre

« Ce qui se passe en Syrie est une véritable tragédie », alerte l’ONG Care, qui attire notamment l’attention sur la condition des femmes.

Cette semaine marque l’entrée de la Syrie dans sa neuvième année de guerre. Les conséquences de ce conflit, qui semble ne jamais prendre fin, restent largement connues. Et désastreuses. Parmi celles-ci : 11,7 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire – dont une grande majorité de femmes. Alors que s’est ouverte hier la conférence des donateurs à Bruxelles, de nombreuses ONG, dont Care, tentent d’alerter sur l’ampleur de la crise humanitaire.

Résurgence de maladies évitables

« En Syrie, tout est à reconstruire : les hôpitaux continuent d’être la cible d’attaques, le système de santé s’est effondré dans de nombreuses régions et les réseaux d’eau et d’électricité sont gravement endommagés. On nous a signalé des épidémies de poliomyélite, de typhoïde ou encore de rougeole qui sont normalement des maladies facilement évitables », déplore Nirvana Shawky, directrice de Care pour le Moyen-Orient.

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5,6 millions de Syriens ont fui le pays et 6,2 millions ont été déplacés à l’intérieur du pays. Pour l’année 2018 uniquement, c’est 1,6 millions de personnes qui ont dû fuir les combats en abandonnant tout derrière eux, parfois à plusieurs reprises, indique l’ONG dans un communiqué. Des déplacements incessants qui ont des « conséquences terribles sur la population, forcée de vivre des conditions très précaires. »

« Ce qui se passe en Syrie est une véritable tragédie. Cette guerre a entrainé le plus important déplacement de population depuis la Seconde Guerre mondiale et en moyenne, 170 personnes ont été tuées chaque jour, depuis 8 ans », alerte Nirvana Shawky.

Les femmes particulièrement touchées

Comme dans chaque conflit, les filles et les femmes sont les plus durement impactées. « On estime qu’elles représentent 72 % des personnes ayant besoin d’aide humanitaire en Syrie », renseigne effectivement Care. Une situation semblable dans les pays d’accueil. Au Liban, par exemple, 79 % des réfugiées syriennes déclarent ne pas être capables de subvenir à leurs besoins de base.

« Dans la plupart des familles, les hommes sont partis se battre, ont été arrêtés ou sont morts, laissant aux femmes la responsabilité de subvenir aux besoins de leurs famille, en plus de leurs rôles traditionnels de s’occuper des enfants et de gérer les tâches ménagères. Isolées, elles deviennent alors plus vulnérables », explique Nirvana Shawky.

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Le stress, les tensions et les déplacements forcés ont également causé une augmentation des violences domestiques. Les jeunes filles, dont certaines n’ont que 10 ou 11 ans, font face à des risques accrus de mariages précoces et forcés, « car les familles ne peuvent plus subvenir à leurs besoins et pensent pouvoir les protéger en les mariant ».

« Ces huit dernières années de guerre ont eu des conséquences dramatiques sur la vie des femmes syriennes. Malgré tout, elles sont la clé de l’avenir du pays et doivent être entendues et inclues dans les processus de paix et de reconstruction », interpelle Fanny Petitbon, responsable plaidoyer chez Care en France.

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