Irak : le retour des déplacés doit être « volontaire, sûr et digne »

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13.06.2018

Selon Marta Ruedas, responsable de l’OCHA Irak, « plus de 2 millions d’Irakiens sont toujours déplacés en mai 2018 ».

La reconstruction de l’Irak, après des années de guerre contre l’organisation Etat islamique (EI), commence à peine. Mais comme en Syrie, également lourdement impactée par les affrontements entre Daech (acronyme arabe de l’EI) et le régime de Damas, entre autres, l’une des premières problématiques est la gestion des personnes réfugiées. 3 000 familles se sont récemment fait expulser des campements informels de Tikrit (nord), par exemple, et doivent être relogées ; depuis 2014, ce sont ainsi plus de 3,3 millions de personnes qui ont été déplacées à l’intérieur du pays.

Restriction à la liberté de mouvement

Une situation intenable, selon Marta Ruedas, la coordinatrice des affaires humanitaires des Nations unies (ONU) en Irak (OCHA Irak), qui souhaite mettre l’accent sur les principales priorités de l’intervention humanitaire dans le pays. A savoir : atteindre les familles déplacées dans des zones à risque, comme la montagne Sinjar (nord-ouest), notamment, touchée par de fortes inondations, et reloger un maximum de personnes, alors que « plus de 2 millions d’Irakiens sont toujours déplacés en mai 2018 » estime-t-elle.

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« La situation humanitaire s’est sensiblement améliorée depuis 2017, mais il y a encore d’importants besoins humanitaires qui requièrent notre attention [comme] les questions de protection, en particulier en ce qui concerne la présence d’acteurs armés dans les camps à travers l’Irak. » Selon Marta Ruedas, les acteurs humanitaires relèvent en effet régulièrement des incidents ou des failles de protection dans les camps de réfugiés – y compris des cas de harcèlement sexuel des femmes et des jeunes filles, ainsi que des fusillades ou restrictions à la liberté de mouvement.

« Processus de retour »

« Bien que des mécanismes soient en place pour permettre aux victimes de signaler ces incidents, nous devons continuer à travailler avec tous les partenaires afin de préserver le caractère civil et humanitaire des camps » a-t-elle annoncé. Encore faut-il que les moyens suivent. Car « nous n’avons reçu que 28 % du financement de l’actuel Plan d’intervention humanitaire et le manque de financement limite déjà les activités d’intervention programmées » regrette la responsable de l’OCHA Irak, qui désire s’attaquer fermement aux « causes profondes des déplacements continus ».

L’une des priorités, selon elle ? Trouver des solutions durables pour les mouvements de personnes et veiller à ce que le retour des Irakiens déplacés soit « volontaire, sûr et digne ». Des comités de retour, composés de représentants des autorités irakiennes, de l’ONU et d’ONG, ont ainsi été mis en place dans plusieurs gouvernorats. « En travaillant à travers ces structures, nous devons nous assurer que le processus de retour est mis en œuvre conformément aux principes humanitaires » fait savoir Marta Ruedas.

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