D’après l’institution, les carences dans l’éducation des jeunes filles, à travers la planète, coûtent plusieurs milliers de milliards de dollars.
Dans une société idéale, de tels rapports ne devraient pas exister. Pourtant, avant-hier, la Banque mondiale a bel et bien publié une étude sur les conséquences de la non-éducation des jeunes filles dans le monde. Et celles-ci sont lourdes : « Les possibilités d’éducation limitées pour les filles et les obstacles à l’achèvement de 12 années d’éducation coûtent aux pays entre 15 000 milliards et 30 000 milliards de dollars en perte de productivité et de revenus » indique le texte de l’institution. D’après qui aujourd’hui, quelque 132 millions de filles âgées de 6 à 17 ans ne vont toujours pas à l’école.
« Renforcer l’économie mondiale »
Or, « les femmes qui ont fait des études secondaires sont plus susceptibles de travailler et gagnent presque deux fois plus que celles qui n’ont pas fait d’études » affirme la Banque mondiale. Elles sont également moins exposées aux violences conjugales et signalent des niveaux plus élevés de bien-être psychologique. Ce n’est pas tout, puisqu’ « elles ont aussi des enfants en meilleure santé qui sont moins susceptibles d’être sous-alimentés et plus enclins à aller à l’école et apprendre. » Une meilleure éducation pour les jeunes filles, note par ailleurs l’institution, leur permet de « participer pleinement à la société et d’être des membres actifs de leur communauté ».
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« Nous ne pouvons pas continuer à laisser l’inégalité entre les sexes entraver le progrès mondial » a à ce titre déclaré Kristalina Georgieva, PDG de la Banque mondiale. « L’inégalité dans l’éducation est une autre question qui peut être résolue et qui coûte des milliers de milliards de dollars. Il est temps de combler l’écart entre les sexes dans l’éducation et de donner aux filles et aux garçons une chance égale de réussir, pour le bien de tous » a-t-elle martelé. Même son de cloche chez Malala Yousafzai, la jeune Pakistanaise qui avait reçu le Prix Nobel de la paix en 2014 pour son engagement en faveur de l’éducation pour toutes. « Lorsque 130 millions de filles sont incapables de devenir ingénieures, journalistes ou PDG parce que l’éducation est hors de leur portée, notre monde passe à côté de milliards de dollars qui pourraient renforcer l’économie mondiale, la santé publique et la stabilité » selon elle.
« Large éventail d’avantages »
Par conséquent, pour tirer pleinement partie de l’éducation pour tous, selon le rapport de la Banque mondiale, « les pays doivent améliorer à la fois l’accès et la qualité afin que toutes les filles aient la possibilité d’apprendre. » Et ces investissements sont particulièrement cruciaux dans certaines régions, comme l’Afrique subsaharienne, où en moyenne seulement 40 % des filles terminent le premier cycle du secondaire. « Les pays ont également besoin de politiques pour soutenir une croissance économique saine qui créera des emplois pour une main-d’œuvre instruite en expansion » affirme également l’institution. « Si les dirigeants veulent vraiment construire un monde meilleur, ils doivent commencer par investir sérieusement dans l’éducation secondaire des filles. Ce rapport [de la Banque mondiale, ndlr] est une preuve de plus que nous ne pouvons pas nous permettre de retarder l’investissement en faveur des jeunes filles » pointe de son côté Malala Yousafzai.
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Difficile de lui donner tort. Car les effets positifs de l’enseignement secondaire pour ces jeunes filles semblent pléthoriques. Parmi ceux-là, « on peut citer un large éventail d’avantages sociaux et économiques pour les filles elles-mêmes, leurs enfants et leurs communautés » renseigne la BM. « Il s’agit notamment de la quasi-élimination des mariages d’enfants, de la baisse d’un tiers des taux de fécondité dans les pays à forte croissance démographique et de la réduction de la mortalité infantile et de la malnutrition. »
