Au programme : « neutralité carbone », déploiement de la recherche « durable » et éducation environnementale, entre autres.
Plus de 7 000 universités, situées sur les six continents, ont déclaré mercredi dernier l’état d’urgence climatique. A travers des réseaux d’enseignement supérieur, ils se sont mis d’accord sur la mise en œuvre d’un plan en 3 étapes pour faire face à la crise du climat, en coopération avec les étudiants, selon le communiqué publié par les organisations à l’origine du projet, dont l’Alliance jeunesse et éducation du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
« Neutralité carbone »
Dans un premier temps, le plan exhorte les universités participantes à s’engager à atteindre la « neutralité carbone » (soit l’équilibre entre les émissions carbonées émises par l’Homme et celles qui sont « retirées » de l’atmosphère, de manière naturelle ou non) d’ici 2030. Voire 2050 au plus tard. Bien évidemment, les établissements devront mobiliser davantage de ressources pour la recherche axée sur les mesures visant à remédier au changement climatique. Et encourager l’accès à l’éducation environnementale et au développement durable dans leurs programmes ainsi que sur les campus.
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« Ce que nous enseignons façonne l’avenir. Nous nous félicitons de l’engagement pris par les université de devenir climatiquement neutres d’ici 2030 et d’intensifier leurs efforts sur leurs campus, a déclaré Inger Andersen, la directrice exécutive du PNUE. Les jeunes se positionnent de plus en plus à l’avant-garde des appels à plus d’actions pour faire face aux défis climatiques et environnementaux ». Et c’est une bonne chose : « Les initiatives qui impliquent directement les jeunes dans ces travaux critiques constituent une contribution précieuse à la réalisation de la durabilité environnementale », a-t-elle également fait savoir.
Objectif : 10 000 établissements
Si les établissements d’enseignement ne viennent pas immédiatement à l’esprit, quand on parle d’urgence climatique, il y a tout de même du boulot. « Les jeunes du monde entier ont le sentiment que les écoles, les collèges et les université ont pris trop de temps pour réagir à la crise qui sévit actuellement, explique de son côté Charlotte Bonner, directrice de Students Organizing for Sustainability, une organisation d’étudiants engagés en faveur du développement durable. Nous invitons ceux qui n’ont pas encore soutenu cette initiative à se joindre à nous. Bien entendu, l’élément le plus important est l’action qui s’en suivra ».
D’ici la fin 2019, 10 000 établissements d’enseignement supérieur devront avoir rejoint la cause, selon le plan adopté cette semaine. Si c’est la première fois que tout un réseau éducatif, à travers le monde, œuvre de concert à lutter contre le dérèglement climatique, certains établissements ont déjà fait quelques premiers pas. Au Kenya, l’université Strathmore a par exemple recours à des énergies renouvelables et dispose d’un système photovoltaïque de 600 kilowatts pour alimenter son réseau. Et aux Etats-Unis, l’université de Californie s’est engagée à atteindre la neutralité carbone sur tous ses campus d’ici 2025.
« Effet négatif des ressources naturelles »
Aux Emirats arabes unis (EAU), l’université Zayed, nommée d’après le père fondateur du pays et ouverte en 1998, fait partie de ce réseau d’établissements vertueux. Des trois grandes universités émiraties, elle se veut la tête de proue de l’enseignement supérieur aux EAU, et prépare « des diplômés qualifiés qui seront en mesure de contribuer à l’édification de la nation », lit-on sur une plaquette de l’université. Edification indissociable d’une forte gourmandise… en hydrocarbures. Et, la chose est entendue depuis longtemps, pétrole comme gaz sont extrêmement désastreux pour le climat.
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Dès les années 80, Abou Dhabi a toutefois souhaité décorréler croissance et revenus pétroliers, en investissant notamment dans les services. Si bien que depuis 2015, la part des hydrocarbures dans le PIB émirati est en-deçà de 30 %. Même si le « PIB » pétrole et gaz a retrouvé des couleurs : en 2018, il a atteint + 2,9 % après s’être contracté de 3 % l’année d’avant. Pas forcément une bonne nouvelle, ni pour le climat ni pour l’économie nationale. « Un rapide examen rétrospectif de la croissance enregistrée par les pays riches en ressources naturelles peut suggérer un effet négatif des ressources naturelles sur la croissance économique à long terme », expliquent les économistes Kerim Peren Arin et Elias Braunfels dans un cours dispensé en 2017 à… l’université Zayed.
