Le petit Etat pétrolier abrite un réseau de trafic d’êtres humains revendus sur le Net pour occuper des places d’employées de maison.
La Toile recèle bien des surprises au Koweït. Une enquête de BBC News Arabic, relayée par CNews, révèle en effet « l’existence d’un grand réseau de trafic d’humains et d’esclavage sur Internet et sur certains réseaux sociaux. Des femmes seraient ainsi (disponibles) pour quelques milliers de dollars et exploitées comme employées de maison ».
Un récit glaçant
Instagram est notamment visée puisque deux journaliste de la chaîne ont profité de la célèbre application pour se faire passer pour un couple emménageant sur le territoire. Et cela, dans le but de trouver « des esclaves » à prix cassé pour assurer « les tâches domestiques ». Et qu’elle ne fut pas leur surprise de découvrir que les annonces dédiées étaient légion, mais aussi particulièrement lugubres et inquiétantes.
Dans les faits, « leurs interlocuteurs leur ont conseillés de bafouer les droits de ces femmes, en leur confisquant passeport, téléphone, et en les confinant à l’intérieur de leur maison nuit et jour. Les victimes de ce trafic sont souvent jeunes, parfois mineures, et quittent leur pays d’origine à la recherche d’un travail pour subvenir aux besoins de leurs familles. Pire, une employée proposée aux journalistes n’avait que 16 ans, alors que la législation du Koweït interdit le travail des employées de maison avant 21 ans. » Mais ce n’est pas tout, « les femmes (entrent aussi dans des catégories) en fonction de leur couleur de peau et de leur origine, avec des tarifs différents », ajoute le média.
De légères avancées juridictionnelles
Pour autant, il est important de rappeler que la justice locale a fait un léger pas en avant en septembre dernier dans ce dossier explosif… Puisque une médecin koweïtienne a écopé de quatre ans d’emprisonnement, 2500 dollars d’amende, et 16 500 dollars de dommages et intérêts pour avoir maltraité une employée malgache depuis 2013.
Selon France TV Info, qui relaie l’information, la victime a subi durant ce laps de temps des sévices aussi terribles que réguliers de la part de son bourreau jusqu’à en perdre l’usage de l’œil gauche. Le moment pour la malheureuse de franchir le pas et de déposer une première plainte auprès des autorités locales.
Pour autant, si l’enquête de police a confirmé les faits, la juridiction de première instance a choisi de relaxer cette médecin « pas comme les autres ». Néanmoins, l’employée ne s’est pas avouée vaincue et a finalement obtenu gain de cause auprès de la cour d’appel.
Cette décision pose toutefois question. Le Koweït a-t-il cherché à redorer son blason à l’échelle internationale ? Lui qui est connu, comme d’autres Etats du golfe Persique, pour tolérer les violences faîtes par ses citoyens envers les domestiques étrangers. Les récentes frictions rencontrées par le gouvernement avec Manille peuvent en tout cas corroborer cette hypothèse.
La jurisprudence philippine
Et pour cause, alors que les autorités philippines avaient interdit temporairement à ses ressortissants de travailler au Koweït au mois de mai 2018. Et cela, en raison des multiples cas de mauvais traitements subis par les migrants philippins venus tenter leur chance sur le territoire, les deux Etats avaient finalement trouvé « une porte de sortie » acceptable.
Concrètement, le Koweït leur avaient octroyé de nouveaux droits sociaux afin de clore le blocus. Ainsi, les principaux intéressés peuvent désormais garder leur téléphone portable, bénéficier d’un jour de repos supplémentaire et faire appel si besoin à l’aide de Manille.
Toutefois, il est important de noter que ce geste ne permet toujours pas aux malheureux de conserver leur passeport à leur arrivée sur le tarmac. Une subtilité qui pèse malgré tout très lourdement dans la balance.
Des faits divers trop fréquents
Pour rappel, c’est un fait divers particulièrement sordide qui avait mis le feu au poudre dans cette affaire. La découverte du corps d’une domestique philippine dans un congélateur au Koweït avait en effet ému l’opinion internationale.
L’enquête indiqua que la victime avait subi des signes manifestes de torture de la part de ses employeurs – un Libanais et son épouse syrienne – arrêtés depuis à Damas suite à un mandat d’arrêt diffusé par Interpol. La polémique de trop en somme pour Manille.
Selon les données publiées par le ministère philippin des Affaires étrangères, et relayées par Libération, environ 262 000 Philippins travaillent actuellement au Koweït, dont près de 60% comme employés de maison.
