« Hanan al-Barassi a connu le même sort que les tous les opposants à Haftar » explique un journaliste.
Hanan al-Barassi, avocate et militante libyenne pour les droits des femmes, a été assassinée en pleine rue, à Benghazi, mardi 10 novembre, par un groupe armé appartenant au Maréchal Haftar, a rapporté l’AFP, citant une source sécuritaire. Opposante au régime de Haftar, elle militait pour les droits humains et la démocratie. Et était connue pour ses positions et ses dénonciations publiques des sévices et violences commises contre des femmes par les troupes du Maréchal Haftar.
A 46 ans, elle était active sur les réseaux sociaux, qu’elle utilisait comme moyen de communication sur les violences faites aux femmes par les troupes de Haftar, et dirigeait une association locale défendant les droits des femmes. La veille de son assassinat, Hanan al-Barassi avait annoncé qu’elle allait publier une vidéo exposant la corruption du fils de Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est du pays.
Les troupes de Haftar visées
Selon Febrayer TV, une chaîne de télévision libyenne, une milice affiliée à Saddam, fils du général Khalifa Haftar, est derrière cet acte criminel. Le site « The Libya Observer » a rapporté que l’assassinat est survenu à la suite d’une critique sévère du fils du militaire, et du ministre de l’Intérieur du gouvernement de l’est du pays.
La nouvelle a suscité une vague d’émotions dans le pays, théâtre d’un véritable chaos politique depuis 2011, alors que les discussions politiques en Tunisie voisine se concentraient sur une feuille de route pour des élections. « Hanan Al Barassi a connu le même sort que les tous les opposants à Haftar ; toute personne qui n’est pas d’accord avec ses pratiques est tuée, kidnappée », explique Khalil Klai, journaliste expert de la question libyenne.
Ce dernier ajoute : « Je me rappelle de l’assassinat de la députée Sihem Sergewa qui avait été kidnappée et tuée pour le simple fait d’avoir montré son désaccord avec Haftar sur une chaine libyenne pro-Haftar. D’ailleurs, durant ces cinq dernières années, plusieurs cadavres d’opposants ont été retrouvés dans les rues de Benghazi, Derna, El Beïda… »
Même sort que Sihem Sergewa ?
Sihem Sergewa, une femme politique libyenne, a disparu le 17 juillet à Benghazi, siège du Parlement élu, après l’attaque de son domicile par un groupe armé, au lendemain de son intervention sur la chaîne Libya al-Hadath, télévision proche de l’homme fort de l’est libyen, dont Benghazi est le fief. Plusieurs personnalités françaises, des avocats, défenseurs des droits de l’Homme, hommes et femmes politiques, ainsi que des représentants d’Amnesty International, ont réagi à ce que certains ont appelé l’horreur :
Aujourd’hui en #Libye, on peut mourir pour avoir défendu le droit des femmes ! Hommage à Hanane Al-Barassi, avocate, lâchement assassinée en pleine rue. @CLAPOTMireille @JY_LeDrian @1ElisaMoreno @amnestyfrance @fidh_fr https://t.co/dTuDlOADOj
— Jacques Maire (@JMaireofficiel) November 11, 2020
Aujourd’hui en #Libye, on peut mourir pour avoir défendu le droit des femmes ! Hommage à Hanane Al-Barassi, avocate, lâchement assassinée en pleine rue. @CLAPOTMireille @JY_LeDrian @1ElisaMoreno @amnestyfrance @fidh_fr https://t.co/dTuDlOADOj
— Jacques Maire (@JMaireofficiel) November 11, 2020
Nous apprenons avec révolte et tristesse l’assassinat de notre consoeur lybienne Hanane Al-Barassi, défenseuse des droits des femmes en Lybie. Assassinée pour défendre les droits de l’humain. Une avocate attaquée, c’est toute la profession qui est touchée. https://t.co/q77Hkx2AFE
— Lefebvre & Martine (@MCO_SAF) November 11, 2020
La Libye toujours dans l’impasse politique
Il est à noter qu’après 9 ans de guerre civile, depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye pourrait bientôt retrouver sa stabilité. En effet, les deux factions rivales qui s’affrontent dans le pays ont signé, en octobre, un cessez-le-feu permanent. Une décision faisant suite à 5 jours de discussions aux Nations unies, qui ont salué un événement historique.
De plus, un forum de dialogue politique autour de la question libyenne a débuté lundi à Tunis, sous l’égide de l’ONU. L’occasion pour son secrétaire général, António Guterres, d’appeler les participants à accepter de faire des compromis pour ramener la paix en Libye.
