Syrie : le cimentier français Lafarge accusé d’ « entrave à la justice »

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13.12.2017

Lafarge aurait tenté de dissimuler aux enquêteurs les preuves de ses accords passés avec l’Etat islamique pour continuer ses activités en Syrie.

D’après des informations fournies par l’organisation humanitaire Sherpa, le cimentier français Lafarge aurait dépensé des millions d’euros en passant des accords avec des groupes djihadistes, dont l’organisation Etat islamique (EI). L’ONG chargée de défendre les populations victimes de crises économique accuse également l’entreprise tricolore de « nettoyage de preuves et d’entrave » ainsi que d’avoir « passé des ordinateurs à l’eau de javel ». Le but ? Eliminer toutes les preuves qui pourraient l’incriminer.

Selon les avocats de Sherpa, Lafarge a effectivement réalisé un « dépérissement des preuves » ; ils ont appelé le parquet de Paris afin d’ouvrir une enquête pour « entrave à la justice ». « Le groupe semble en l’état distiller les éléments en sa possession dans un objectif premier de maitrise. Des éléments essentiels ne se trouvaient plus au sein du siège lorsque la perquisition a été effectuée. L’intégralité de la comptabilité susceptible d’impliquer la personne morale n’a pas été davantage transmise ».

Intermédiaires syriens

Selon des sources proches de l’entreprise française, « on a tout transmis, des disques durs, des téraoctets de données. Qu’est-ce que vous voulez qu’on dissimule ? Baker & MacKenzie, le cabinet chargé de l’enquête en interne, a disposé de moyens que jamais des juges n’auraient pu avoir et ont récolté des pièces partout ».

Lafarge a cependant reconnu lors d’une conférence de presse avoir « arrosé » des intermédiaires syriens afin de continuer leurs activités. Pour le groupe français, les sommes ne dépasseraient pas 500 000 dollars. Il a également précisé que les « mesures prises étaient inacceptables ». Selon le cabinet d’audit PwC, plus de 12 millions d’euros ont été dépensés par Lafarge. Un chiffre qui engloberait les pots-de-vin aux intermédiaires et le rachat de matières premières.

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