La France et l’Égypte coopèrent étroitement au niveau militaire et sécuritaire, et multiplient les échanges et contrats.
Novembre 2015 : la France est touchée par une vague d’attentats terroristes sans précédent. Novembre 2017 : l’Égypte subit l’attentat le plus meurtrier de son histoire avec l’attaque d’une mosquée par des djihadistes dans le nord du Sinaï. En tout, l’attaque fait plus de 300 morts. Dans le viseur des islamistes les plus radicaux, les deux pays ont, depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi en 2014, considérablement renforcé leur coopération militaire et sécuritaire.
Une coopération militaire solide
Les relations franco-égyptiennes sont aussi anciennes que solides et se sont, d’après le Quai d’Orsay, « fortement développées depuis quatre ans, dans tous les domaines ». En témoignent les très régulières rencontres bilatérales entre les autorités des deux pays, ainsi que la signature de nombreux contrats, notamment en matière d’armement. L’Égypte a ainsi été le premier pays à choisir d’acheter les Rafale français, en février 2015, montrant l’exemple à de nombreuses autres nations, au profit de l’économie française pour plusieurs dizaines de milliards d’euros. Mais elle a également passé commande de deux bâtiments de projection et de commandement, d’une frégate multi-missions, de quatre corvettes Gowind et d’un satellite de communication militaire.
La coopération militaire entre la France et l’Égypte se matérialise également par la mise en place d’une Commission militaire armement stratégie franco-égyptienne (CAMAS), des échanges opérationnels et l’organisation régulière d’exercices conjoints — le dernier ayant impliqué, en novembre 2018, les forces maritimes égyptiennes et françaises dans les eaux territoriales de l’Egypte.
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De plus, les deux pays ont mis sur pied un plan annuel de coopération de défense, qui « comporte aujourd’hui plus de 70 actions de coopération. Il englobe tous les aspects propres aux relations de défense, que ce soit en matière de formation et d’échanges, d’exercices, d’équipements ou de dialogue stratégique », fait savoir le ministère français des Affaires étrangères.
Lors d’une visite au Caire en décembre 2017, la ministre de la Défense française Florence Parly a ainsi souligné « l’importance que Paris donne au renforcement du partenariat entre la France et l’Égypte dans tous les domaines, particulièrement dans ceux de la sécurité et de la défense ». Un engagement réciproquement réitéré lors de la rencontre entre le président al-Sissi et Florence Parly à l’occasion du salon de l’armement EDEX 2018 en Égypte.
La France et l’Egypte, « à l’avant-garde de la lutte antiterroriste »
De fait, l’Égypte et la France partagent des intérêts communs, au premier rang desquels la lutte contre le terrorisme. Depuis le soulèvement populaire contre les Frères musulmans, l’Égypte fait ainsi « face à de terribles attaques terroristes, selon le consultant Roland Jacquard, qui n’épargnent plus aucune composante de la société (…) : ni les civiles ni les militaires ; ni les lieux de culte chrétiens de la communauté copte ni ceux des courants musulmans modérés opposés aux djihadistes ».
« De ce fait, poursuit Roland Jacquard, et pour les deux présidents (français et égyptien), la lutte antiterroriste s’est tout de suite imposée comme un enjeu capital, ce qui les a vite rapprochés, conscients qu’ils sont d’être à l’avant-garde de la lutte antiterroriste ». « Comme la France, explique le consultant, l’Égypte a pour ambition constante de jouer un rôle médiateur au Moyen-Orient. Cela rapproche. (…) Quand on est sur la même longueur d’onde politiquement et diplomatiquement, on coopère beaucoup plus facilement dans le domaine sécuritaire et de lutte antiterroriste ».
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Voisine directe de la poudrière libyenne et cible de choix du terrorisme sunnite, l’Égypte redouble d’efforts en matière de lutte contre le terrorisme et connaît certains succès : l’opération militaire « Sinaï 2018 », lancée en février 2018 et visant à combattre le terrorisme dans le triangle formé par les villes d’El-Arich, Rafah et Cheikh-Zoueid (2,5 % de la superficie de la péninsule du Sinaï) devrait ainsi permettre le démantèlement total des réseaux terroristes dans cette zone courant 2019. Le pays s’impose ainsi comme un allié naturel et un partenaire indispensable de la France. D’où « l’exceptionnelle renaissance de la coopération stratégique » entre les deux pays, dont se félicite le Quai d’Orsay.
