Iran : Londres, Paris et Berlin pointent du doigt la « pression maximale » américaine

« Nos trois pays ne se joignent pas à une campagne visant à mettre en œuvre une pression maximale contre l’Iran » ont-elles affirmé.

La Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne ont intensifié la pression sur l’Iran, mardi, pour qu’il cesse d’attenter à l’accord nucléaire de 2015, soulignant qu’ils souhaitaient résoudre les différends par des pourparlers, mais qu’ils pourraient également lancer un processus qui aboutirait à un « retour en arrière », soit aux sanctions des Nations unies (ONU). Les trois pays, qui ont signé l’accord international sur le nucléaire iranien en 2015 avec les Etats-Unis, la Russie et la Chine, ont déclaré dans une lettre au chef de la politique étrangère de l’Union européenne (UE) qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de déclencher le « mécanisme de règlement des différends » de l’accord, étant donné les transgressions continues de l’Iran.

« Réponse sérieuse et forte »

Les trois capitales européennes ont déclaré qu’elles rejetaient l’argument de Téhéran, selon lequel l’Iran tenait sa légitimé à violer l’accord du retrait de celui-ci par les Etats-Unis, en 2018. « Nous n’avons donc pas eu d’autre choix, étant donné les actions de l’Iran, que de faire part aujourd’hui de nos préoccupations quant au fait que l’Iran ne respecte pas ses engagements », ont affirmé les trois pays dans une déclaration commune.

Le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, qui coordonne l’accord au nom des puissances internationales, a déclaré que la pression exercée sur l’Iran par l’Europe ne signifie pas que les sanctions internationales seront automatiquement appliquées à la République islamique. L’objectif de la démarche de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Allemagne est de « trouver des solutions et de ramener l’Iran à un respect total dans le cadre de cet accord », a-t-il déclaré. Quelques heures plus tard, le ministère iranien des Affaires étrangères a mis en garde contre une « réponse sérieuse et forte » à la démarche européenne.

Incitations économiques

Cependant, le porte-parole de la diplomatie iranienne, Abbas Mousavi, a déclaré que l’Iran était « tout à fait prêt à répondre à toute bonne volonté et à tout effort constructif » qui préserverait l’accord sur le nucléaire. Les Européens ont quant à eux souligné qu’ils souhaitaient « sortir de l’impasse par un dialogue diplomatique constructif », et ont pris leurs distance vis-à-vis des sanctions imposées par les Etats-Unis – qui, selon Washington, font partie d’une campagne de « pression maximale » contre le régime des mollahs.

« Nos trois pays ne se joignent pas à une campagne visant à mettre en œuvre une pression maximale contre l’Iran, ont-ils affirmé. Notre espoir est de ramener l’Iran à respecter pleinement ses engagements. » Pour rappel, l’accord nucléaire de 2015, ou « Plan d’action global conjoint » (PAGC), vise à empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire – ce qu’il nie d’ailleurs vouloir faire – en mettant un frein à son programme atomique en échange d’incitations économiques. Mais les choses se sont quelque peu emballées, début janvier, après l’assassinat par les Etats-Unis de Ghassem Soleimani, le chef des gardiens de la révolution, à la suite de quoi Téhéran avait annoncé vouloir accélérer l’enrichissement de son uranium.

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