Syrie : des sympathisants de Daech s’échappent des geôles kurdes

Dimanche, le président turc a exclu toute médiation dans les affrontements avec les Kurdes, sur fond de retrait des troupes américaines.

Des centaines de partisans du groupe État islamique (EI) se sont échappés d’un camp situé dans le Nord de la Syrie, dimanche 13 octobre, tandis que forces turques et combattants kurdes s’affrontent violemment depuis que le président américain, Donald Trump, a ordonné à toutes ses troupes de se retirer du nord syrien. Une double évolution reflétant le « chaos qui s’est rapidement aggravé en Syrie ces derniers jours, estime l’agence Associated Press (AP), laissant les Kurdes alliés aux Etats-Unis largement exposés aux attaques de la Turquie. »

Invasion turque

« Nous avons des forces américaines probablement prises entre deux armées qui s’affrontent et c’est une situation intenable », a déclaré le secrétaire d’Etat à la Défense américain, Mark Esper, lors de son passage à l’émission « Face the Nation » sur la chaîne CBS. S’il a réaffirmé que les troupes américaines quitteraient le Nord de la Syrie, il n’a en revanche pas dit combien se retireraient. De son côté, un responsable militaire américain cité par AP a déclaré que la situation « se détériorait rapidement ». Ce dernier, qui n’a pas été autorisé à divulguer les détails opérationnels et a parlé sous couvert de l’anonymat, a affirmé que les troupes américaines ne pouvaient se déplacer sur le terrain sans un « risque élevé » de confrontation avec des forces soutenues par la Turquie.

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Ce danger, bien réel, a été illustré vendredi dernier, lorsqu’un petit nombre de soldats américains a essuyé des tirs d’artillerie turque sur un poste d’observation. Aucune victime à déplorer, a indiqué Mark Esper, selon qui il n’était pas clair si les Turcs avaient agi sciemment ou non. Le secrétaire d’Etat à la Défense a ajouté que les combattants kurdes tentaient de « trouver un accord » avec l’armée syrienne et son allié russe, afin de contrer l’invasion turque.

« Retour en force »

Dimanche, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a quant à lui exclu toute médiation dans le différend qui l’oppose aux Kurdes ; Ankara ne négociera pas avec des « terroristes », a-t-il affirmé. La Turquie, membre de l’OTAN, considère les combattants kurdes syriens comme des terroristes en raison de leurs liens avec l’insurrection kurde dans le pays, rappelle AP. Elle s’est d’ailleurs engagée à créer une « zone sûre » le long de la frontière.

De la fumée s'échappe du nord de la Syrie, après des bombardements turcs dans la zone, dimanche. AP Photo/Lefteris Pitarakis

Selon les Nations unies (ONU), plus de 130 000 Syriens ont fui depuis le début des opérations, il y a cinq jours. Certains faisant partie des réfugiés qui avaient déjà fui des combats, depuis que la guerre civile (puis internationale) a éclaté dans le pays, en 2011. Ce regain des tensions fait craindre, à présent, que des membres et sympathisants de Daech (acronyme arabe de l’EI) détenus par les Kurdes ne s’échappent ou parviennent à se libérer au milieu du chaos. « Permettant ainsi au groupe extrémiste battu de faire un retour en force et de semer la terreur à volonté », conclut AP.

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