L’État hébreu continue de tisser de plus en plus de liens avec les pays arabes.
C’est assez rare pour être souligné. De hauts responsables israéliens et soudanais ont tenu une réunion publique, mercredi, s’engageant à renforcer des liens naissants entre anciens adversaires, ont déclaré les participants israéliens. La rencontre, entre le ministre soudanais de la Justice, Nasredeen Abdulbari, et les ministres israéliens Idan Roll et Edawi Frej, a eu lieu à Abou Dabi, la capitale des Émirats arabes unis (EAU), le premier des quatre pays arabes à signer des pactes diplomatiques historiques avec Israël l’année dernière.
Alors que Tel-Aviv a, depuis, ouvert des ambassades et des missions diplomatiques aux EAU, donc, à Bahreïn et au Maroc, les liens avec le Soudan restent obscurs et, globalement, s’inscrivent sous le sceau du secret. Mais une délégation soudanaise chargée de la sécurité s’est récemment rendue en Israël, selon un responsable militaire soudanais. Un voyage qui n’a pas été rendu public à ce moment-là – le fonctionnaire, pas autorisé à discuter de cette affaire, a parlé sous couvert de l’anonymat.
Idan Roll, le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, et Edawi Frej, le ministre de la Coopération régionale, ont tous deux publié des photos, sur leur compte Twitter, sur lesquelles ils posent avec Nasredeen Abdulbari. « Notre objectif est de nous donner la main en matière de formation technologique afin d’aider les jeunes de toutes les parties » à entrer sur le marché du travail moderne, a déclaré le premier, ajoutant que les deux pays avaient convenu d’une future coopération.
« Nous avons parlé de l’importance de normaliser les relations entre les deux pays » (Idan Roll, le vice-ministre israélien des Affaires étrangères).
« Les deux parties ont convenu de promouvoir des projets et activités communs », a abondé M. Frej, citant M. Abdulbari, déclarant quant à lui qu’il était important de « renforcer les liens humains ». Le Soudan, pour rappel, était autrefois l’un des plus féroces rivaux d’Israël dans le monde arabe. Le pays a accueilli, à ce titre, la conférence arabe historique qui a suivi la guerre de 1967, au cours de laquelle 8 pays arabes avaient déclaré qu’ils ne feraient jamais la paix avec l’État hébreu.
Dans le cadre de son accord avec Israël, le Soudan a été retiré de la liste américaine des États soutenant le terrorisme (sur laquelle il avait été inscrit en 1993), ouvrant ainsi la voie à la réintégration du pays africain dans la communauté internationale, après deux décennies d’isolement. Le Soudan est sur la voie fragile de la démocratie depuis l’éviction par l’armée de l’autocrate de longue date Omar al-Bachir, à la suite d’un soulèvement populaire contre son régime, qui durait depuis près de trois décennies.
Crédits photo : Le vice-ministre des Affaires étrangères, Idan Roll (à droite), serre la main du ministre soudanais de la Justice, Nasredeen Abdulbari, à Abou Dabi, le 13 octobre 2021 (ministère israélien des Affaires étrangères).