Le Liban menacé de sanctions par l’Arabie saoudite

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14.11.2017

Une semaine après que son Premier ministre a annoncé sa démission, le Liban se prépare à faire face à un embargo économique de la part de l’Arabie saoudite.

Saad Hariri rentrera peut-être avec une bien mauvaise surprise au Liban. Le Premier ministre libanais, qui a pris la parole, dimanche, pour la première fois depuis l’annonce de sa démission surprise, le 4 novembre dernier depuis Riyad (Arabie saoudite), a prévenu les Libanais qu’il reviendrait, dans un premier temps, avant de les avertir que les « pays arabes » imposeraient sans doute au pays du Cèdre des sanctions. Une menace que beaucoup, à Beyrouth, estiment fondée, et qui constitue un degré de plus dans le conflit que se livrent Saoudiens et Iraniens depuis quelques jours.

Historiquement, Riyad a pourtant toujours contribué au bon fonctionnement du Liban, voire même à son prompt rétablissement. Après la guerre civile que le pays a connu entre 1975 et 1990, l’Arabie saoudite a versé au gouvernement libanais plusieurs milliards de dollars pour participer à sa reconstruction. De manière générale, les sunnites ont toujours trouvé dans le régime saoudien un appui politique et économique ; Saad Hariri, à la tête du Courant du futur, sunnite, possède d’ailleurs la double nationalité, libanaise et saoudienne.

Profil bas dans la région

Insuffisant, manifestement, pour empêcher Riyad de sanctionner le Liban. Le pays pourrait donc connaître le même sort que le Qatar, à savoir un blocus qui impacterait son économie, qui toucherait également tous les Libanais installés dans la région du Golfe. Or, les « 400 000 emplois libanais et les rapatriements de fonds qui reviennent dans le pays, estimés entre 7 et 8 milliards de dollars par an, constituent une source vitale d’argent liquide pour maintenir l’économie à flot et le fonctionnement du gouvernement lourdement endetté » explique Reuters.

Contrairement à Doha, qui a su réagir rapidement à l’embargo saoudien – grâce, notamment, à un fonds souverain très important et un resserrement des liens avec l’Iran –, le Liban ne peut pas se permettre de subir une crise économique. Consciente de cette situation plus que sensible, l’Arabie saoudite a toutefois indiqué qu’elle était prête à abandonner les sanctions économiques à une condition : que le Hezbollah – mouvement chiite soutenu par l’Iran qui participait jusqu’à présent au gouvernement libanais avec les sunnites – et donc les Iraniens fassent profil bas dans la région.

Précédent qatari

Téhéran et Riyad s’opposent par exemple indirectement au Yémen, la première supportant les rebelles Houthis – de confession chiite – engagés dans un conflit contre le gouvernement, soutenu quant à lui par les Saoudiens. Lundi dernier, un missile tiré depuis ce pays du sud de la Péninsule arabique a été intercepté dans le ciel de Riyad, qui a immédiatement accusé le Hezbollah et l’Iran d’être à la manœuvre. Sur le terrain syrien, par ailleurs, la République islamique semble avoir pris l’ascendant psychologique sur l’Arabie saoudite ; son soutien aux forces armées de Bachar Al-Assad a été décisif dans la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI), là où Riyad n’a pas franchement pesé.

La menace d’un embargo contre le Liban, pour certains, serait liée à cette accumulation de revers par les Saoudiens face à la bête noire iranienne et son bras politique au pays du Cèdre, le Hezbollah. « La liste des sanctions potentielles pourrait inclure une interdiction des vols, des visas, des exportations et des transferts de fonds » indique Reuters, citant certaines sources politiques. « Certains d’entre elles ont été imposées au Qatar, mais ce blocus, lancé en juin, n’a eu jusqu’à présent qu’un effet limité sur l’émirat, au-delà de le rapprocher de l’Iran ». Mais le Liban n’est pas le Qatar.

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