Boeing et Airbus sont traditionnellement les vedettes du salon de l’aviation, se disputant les achats de plusieurs milliards de dollars des compagnies aériennes du Golfe et réglant les derniers détails quelques minutes avant les conférences de presse consécutives. Cette année, cependant, l’exposition de cinq jours devrait être plus discrète que par le passé, en raison de la faiblesse des vols et des voyages dans le contexte de la pandémie.

L’accord commercial le plus important de la journée a été la vente par Airbus de 255 nouveaux appareils aux différents transporteurs à bas prix d’Indigo Partners. L’accord prévoit l’achat de 102 nouveaux avions par la compagnie à bas prix Wizz Air, 91 par la compagnie américaine Frontier, 39 par la compagnie mexicaine Volaris et 23 par la compagnie sud-américaine JetSmart. L’offre comprend un mélange d’appareils A321neo et A321XLR.

Aux prix catalogue d’Airbus avant la pandémie, la commande s’élèverait à bien plus de 30 milliards de dollars. La société a refusé de fournir des détails sur le prix de vente. Airbus a également obtenu une commande de deux avions de ravitaillement en vol A330 supplémentaires auprès de l’armée de l’air des Émirats arabes unis, ce qui porte à cinq la flotte d’avions ravitailleurs multirôles d’Airbus du pays.

« Opérations en Syrie »

Mais la star sur le tarmac, à l’extérieur du hall d’exposition, était sans conteste l’avion de combat russe Checkmate, présenté à la presse dans un hangar construit sur mesure avec un affichage de lumières laser rebondissant sur un plafond en miroir. L’avion, dont le prix de base est de 35 millions de dollars, est un concurrent moins coûteux que le F-35 américain, que les Émirats arabes unis tentent d’acquérir depuis qu’ils ont officiellement reconnu Israël l’année dernière dans le cadre d’un accord négocié par l’administration Trump. Une vente ralentie par le président américain Joe Biden.

« L’idée est née lorsque nous avons utilisé toute l’expérience acquise par la Russie au cours de ses opérations en Syrie. De nombreuses caractéristiques de l’avion sont issues de situations réalistes que nous avons vécues », a déclaré le PDG de United Aircraft Corporation, Yuri Slyusar, par l’intermédiaire d’un traducteur lors de l’inauguration. Dans la guerre civile dévastatrice que connaît la Syrie, les avions de combat russes ont soutenu les forces du président Bachar al-Assad. La production du Checkmate devrait commencer en 2025.

Par ailleurs, plus de 100 entreprises américaines exposent au salon aéronautique, dont les géants de la défense Lockheed Martin et Raytheon. « Nous sommes déterminés à approfondir et à renforcer cette relation stratégique vitale », a déclaré Sean Murphy, chargé d’affaires de l’ambassade des États-Unis. Lors de l’ouverture du pavillon américain, il a également remercié les Émirats arabes unis pour leur aide lors des évacuations d’Afghanistan menées par les États-Unis.

Pendant ce temps, le président brésilien, Jair Bolsonaro, a parcouru le tarmac à l’extérieur du stand de l’emblématique entreprise aérospatiale brésilienne Embraer, inspectant l’intérieur de l’énorme avion de transport C-390 Millennium, souriant et saluant la foule des journalistes. La ministre française de la Défense, Florence Parly, a quant à elle examiné la gamme d’hélicoptères et d’avions de patrouille maritime du pavillon Airbus, entourée d’aviateurs français en uniforme.

« Dôme à drones »

Boeing a fait venir son nouveau jet de passagers 777-9 de Seattle, lors du plus long vol effectué à ce jour par l’appareil — qui subit des tests continus et attend l’approbation des autorités réglementaires. Selon Boeing, il s’agira du biréacteur le plus grand et le plus efficace du monde. La plus grande compagnie du Moyen-Orient, Emirates, a commandé 126 de ces 777X, mais la compagnie aérienne basée à Dubaï a exprimé sa frustration quant aux retards de livraison, qui ne devrait pas intervenir avant la fin de 2023.

Airbus a fait visiter aux journalistes une version de l’A320neo, qui avait été transformée en un luxueux avion d’affaires équipé d’un grand lit, d’une douche à l’italienne et d’un vaste coin salon avec canapés et tables basses. L’entreprise publique chinoise de défense CATIC a exposé une gamme de missiles anti-aériens, de munitions et d’avions de chasse. Un aviateur émirati inspectant un Chinook CH-47 de fabrication américaine a noté que l’hélicoptère de transport avait soutenu les forces émiraties lors de missions récentes au Yémen et en Afghanistan.

Les entreprises israéliennes, particulièrement scrutées lors de l’inauguration, ont exposé leur matériel pour la première fois au salon de l’aviation depuis la normalisation des relations diplomatiques entre Israël et les Émirats arabes unis l’année dernière. L’entreprise publique Israel Aerospace Industries a présenté une gamme de drones aériens et navals avec ou sans pilote, tandis que la société Rafael Advanced Defense Systems a présenté son « dôme à drones » qui détecte et détruit les drones à l’aide de lasers.

Des responsables émiratis de la Défense ont été vus en train de poser des questions sur la portée et le poids du système anti-drone au pavillon israélien. Au total, six entreprises israéliennes participent au salon de l’aviation. Et le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a décrit le partenariat entre les Émirats arabes unis et Israël comme un « atout stratégique ». Qui veut la paix prépare la guerre ?

 

Crédits photo : Des Chevaliers russes effectuent une cascade lors du Dubai Air Show à Dubaï, aux Émirats arabes unis, dimanche 14 novembre 2021 (AP Photo/Jon Gambrell).