Bien aidée par les frappes de la coalition saoudienne, l’armée yéménite se rapproche de la capitale par le nord.
L’armée yéménite n’est plus très loin de la capitale du pays. Hier, les forces loyalistes, avec l’appui aérien de la coalition de pays musulmans emmenée par l’Arabie saoudite, ont réalisé une percée stratégique au nord de Sanaa. Elles ont atteint le gouvernorat d’Al-Jawf, au nord, après avoir pénétré dans le gouvernorat de Saada, le principal bastion de la milice houthiste, à la frontière saoudienne.
Selon une déclaration du Centre des médias des forces armées yéménites, le commandant de l’axe de Saada, Obaid al-Athla, a déclaré que les rebelles recevraient d’autres frappes sans en dire davantage. Il a confirmé que les forces yéménites étaient parvenues dans le gouvernorat d’Al-Jawf, après avoir libéré de vastes zones désertiques des Houthis, les combattants chiites soutenus par l’Iran qui affrontent l’armée du pays.
Retournement d’alliance
D’après Obaid al-Athla, ces derniers subissent de lourdes pertes en armes et en soldats ; ils ont d’ailleurs enterré plus de 30 des leurs, hier, morts sur les fronts de bataille, selon une source basée à Saada. Depuis que l’ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh a été tué, vraisemblablement par les Houthis, le 4 décembre dernier, Sanaa est le théâtre d’affrontements entre rebelles et loyalistes.
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Quelques jours avant, lui qui soutenait pourtant les houthistes depuis 2014, s’était déclaré prêt à s’allier avec l’Arabie saoudite, qui épaule les forces de l’actuel président yéménite, Abdrabbo Mansour Hadi. Ceci dans le but de faire avancer un conflit qui s’enlise depuis maintenant plus de deux ans et a fait, pour l’instant, près de 10 000 victimes et des centaines de milliers de déplacés.
La coalition dirigée par Riyad avait d’ailleurs profité de la confusion créée par ce retournement d’alliance pour reprendre ses bombardements. Et tenté de contenir les Houthis, qui ont écrasé les forces d’Ali Abdallah Saleh à Sanaa. Mercredi, des raids aériens ont fait au moins 12 morts et 80 blessés, dans un camp de prisonniers tenu par les rebelles dans la capitale, selon la chaine de télévision Al-Massira contrôlée par ces derniers.
« Au bord de la famine »
L’Arabie saoudite – comme les autres parties au conflit – est à ce titre sous la menace d’une enquête internationale, depuis que le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé, fin septembre, d’envoyer des enquêteurs pour se pencher sur des cas éventuels de violation des droits humains. Outre les innombrables victimes, le Yémen fait aujourd’hui face à une crise humanitaire « comme le monde n’en a plus connu depuis de nombreuses décennies » déplorait Mark Lowcock, le chef du Bureau pour les affaires humanitaires des Nations unies, le 1er décembre dernier.
Les autorités saoudiennes , après qu’un tir de missile effectué par les Houthis avait été stoppé dans le ciel de Riyad début novembre, avaient décidé d’installer un blocus autour du Yémen. Finalement levé, face à la gravité de la situation, alors que 7 à 8 millions de personnes sont « au bord de la famine » d’après le responsable onusien. Si l’aide internationale peut de nouveau arriver au Yémen, la paix, impossible en l’espèce, est pourtant nécessaire pour assurer une distribution efficace.
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