Le gouvernement irakien est toujours à la recherche de 4 postes ministériels, dont 3 régaliens, qui font l’objet de violents désaccords.
Une corruption stagnante, 1,75 million d’Irakiens vulnérables, 700 millions de dollars attendus pour financer la réponse humanitaire adéquate, 53 projets lancés pour la création de services publics, aussi bien dans la protection des citoyens que pour la réconciliation nationale… En Irak, les défis ne manquent pas, comme l’a souligné mercredi dernier l’envoyée spéciale des Nations unies (ONU) pour le pays, Jeanine Hennis-Plasschaert, devant le Conseil de sécurité. Le plus urgent, à ce stade, étant sans doute la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI), qui peine à trouver un épilogue, l’ambassadeur irakien auprès de l’ONU, Mohamed Bahr al-Uloom, évoquant un « terrorisme résiduel » et une « pensée extrémiste » qui demeure.
« Stabilité du pays »
Problème, selon la représentante du secrétaire général, l’Irak peine à trouver la stabilité politique nécessaire pour la mise en route de la reconstruction du pays, un an après la conférence internationale organisée à ce sujet. Jeanine Hennis-Plasschaert a ainsi exhorté les autorités irakiennes à mettre fin aux « luttes intestines politiques » afin qu’un gouvernement puisse enfin voir le jour, 4 mois après la nomination par consensus du nouveau Premier ministre, Adel Adbal Mahdi. En octobre dernier, déjà, l’inertie politique était telle que le chef de l’exécutif tout juste nommé avait proposé aux Irakiens de se porter candidats, sur Internet, pour le poste ministérielle de leur choix… Un projet visiblement sérieux, quoi que peu couronné de succès.
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Le gouvernement irakien est toujours à la recherche de 4 postes ministériels, dont 3 régaliens – justice, intérieur et défense – qui font l’objet de « violents désaccords », selon Jeanine Hennis-Plasschaert. « Il est grand temps que les dirigeants irakiens abandonnent la politique des factions et s’efforcent de répondre aux besoins immédiats des citoyens irakiens, car tout retard supplémentaire pourrait avoir des répercussions importantes sur la stabilité du pays », a ainsi expliqué la représentante onusienne devant le Conseil de sécurité. Qui a tout de même salué l’adoption de la loi de finances, le 23 janvier dernier, par le Parlement, consacrant l’un des plus importants budgets de l’histoire du pays – en hausse de 45 % par rapport à l’année dernière.
Problématique de l’enfance
Les députés irakiens, le même jour, ont également adopté certaines mesures contre la corruption, qui gangrène toujours les sommets de l’Etat, comme l’a rappelé le plus haut dignitaire religieux chiite du pays, le grand ayatollah Ali al-Sistani, la semaine dernière. « La corruption est vaste et omniprésente à tous les niveaux en Irak », a abondé Mme Hennis-Plasschaert, tout en soulignant « l’urgente nécessité de montrer des progrès » en la matière. Condition sine qua non, selon elle, du rétablissement de la confiance des Irakiens dans l’Etat, ainsi que de « la fourniture des services de base ». Et il y a du boulot : selon l’ONG Transparency International, l’Irak apparaît à la 169ème place (sur 180 recensés) des pays les plus corrompus au monde.
Outre l’assainissement des finances publiques – dopées en très grande partie par les revenus pétroliers, la diversification économique n’étant pas à l’ordre du jour pour l’instant -, le (futur) gouvernement irakien devra donc s’atteler à l’éradication totale de Daech (acronyme arabe de l’EI) du pays, comme l’a rappelé l’envoyée spéciale de l’ONU. Mais également, de manière autrement structurelle, veiller à ce que tous les enfants puissent bénéficier d’une éducation décente, alors que la majorité des jeunes Irakiens défavorisés ne reçoit « aucune forme d’aide gouvernementale », pointait un rapport de l’UNICEF en novembre dernier. Plus les autorités tarderont à s’emparer du problème, plus les inégalités iront en s’accroissant, avertissait d’ailleurs Peter Hawkins, représentant de l’agence onusienne pour l’enfance en Irak.
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