Selon le gouvernement égyptien, plus de 76 000 Soudanais sont entrés en Égypte depuis le début des combats.
Le café situé à l’extérieur de la gare d’Assouan était rempli de familles soudanaises, entourées de bagages et attendant le train pour Le Caire, la prochaine étape de leur voyage ardu pour échapper à la violence qui a déchiré leur pays et bouleversé leur vie, rapporte l’agence de presse américaine Associated Press (AP).
« Je reviendrai très bientôt »
Assouan, la ville égyptienne la plus proche de la frontière avec le Soudan, est en effet devenue un point de passage pour des dizaines de milliers de Soudanais fuyant les combats entre l’armée soudanaise et les forces paramilitaires rivales. Les personnes déplacées arrivent épuisées après des jours passés sur des routes chaotiques. Ils doivent maintenant trouver comment naviguer dans un avenir soudainement incertain, sans savoir quand ils pourront rentrer chez eux.
Au café Nasser d’Assouan, Naglaa al-Khair Ahmed, professeure d’université soudanais, est encore abasourdie par l’explosion soudaine de violence survenue le 15 avril, après l’escalade des tensions entre les deux principaux généraux soudanais. « Nous n’avions jamais imaginé que des escarmouches verbales aboutiraient à une guerre, a-t-elle déclaré. Nous ne nous attendions pas à ce que la décision [d’entrer en guerre] soit si facile à prendre. »
Elle se rendait au Caire, la capitale égyptienne, avec son père âgé et sa fille. Son mari était resté dans leur ville natale d’Omdurman, voisine de la capitale, Khartoum. « J’ai pleuré pendant tout le trajet » pour quitter le Soudan, a-t-elle déclaré en essuyant ses larmes. « Je n’arrêtais pas de me dire : « Je reviendrai. Certainement, je reviendrai très bientôt ». » Elle ne sait pas quand – « dans un mois, au maximum », dit-elle avec espoir.
Des repas chauds et de l’eau
Selon le gouvernement égyptien, plus de 76 000 Soudanais et plus de 5 000 autres ressortissants sont entrés en Égypte depuis le début des combats. L’agence des Nations unies pour les réfugiés s’attend à ce que ce nombre atteigne 350 000. L’afflux s’est ralenti la semaine dernière, mais les réfugiés soudanais continuent d’arriver alors que les combats se poursuivent.
L’armée soudanaise et le groupe rival, connu sous le nom de Forces de soutien rapide (FSR), mènent des négociations dans la ville portuaire saoudienne de Jeddah. Mais ceux qui ont fui ne savent pas quand ils pourront rentrer en toute sécurité, marqués par les jours passés piégés dans leurs maisons au milieu des tirs incessants, des explosions et du bruit des avions de guerre.
Beaucoup de ceux qui arrivent en Égypte ont, du moins pour l’instant, de l’argent pour se loger ou poursuivre leur voyage vers l’Europe ou les États du Golfe. La situation est plus difficile pour les milliers de Soudanais plus pauvres qui traversent la frontière. Au terminal ferroviaire d’Assouan et à la gare routière du village voisin de Karkar, des bénévoles égyptiens et soudanais ont accueilli les réfugiés avec des repas chauds et de l’eau.
Crédits photo : Le Nil traversant la ville égyptienne d’Assouan (Wikimedia Commons).