La Turquie semble se diriger vers un second tour de la présidentielle

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15.05.2023

Le président Recep Tayyip Erdogan, qui dirige la Turquie d’une main de fer depuis 20 ans, a devancé son principal adversaire.

Avec 99,4 % des votes nationaux et 84 % des votes à l’étranger, M. Erdogan a obtenu 49,4 % des voix, tandis que son principal rival, Kemal Kilicdaroglu, a recueilli 45 % des voix, a déclaré à la presse Ahmet Yener, président de la commission électorale suprême. Un troisième candidat, le politicien nationaliste Sinan Ogan, a obtenu 5,2 % des voix.

M. Erdogan, 69 ans, a déclaré à ses partisans aux premières heures de lundi qu’il pouvait encore gagner. Il a toutefois précisé qu’il respecterait la décision de la nation si un second tour était organisé le 28 mai.

Le vote a été suivi de près pour voir si ce pays de l’OTAN stratégiquement situé – qui a une côte sur la mer Noire au nord et des voisins en Iran, en Irak et en Syrie au sud – reste sous le contrôle d’un président de plus en plus autoritaire ou s’il peut s’engager sur la voie plus démocratique envisagée par M. Kilicdaroglu.

Les sondages d’opinion réalisés avant le scrutin de dimanche avaient donné à M. Kilicdaroglu, candidat commun d’une alliance de six partis d’opposition, une légère avance sur M. Erdogan, qui a gouverné la Turquie en tant que premier ministre ou président depuis 2003, rappelle l’agence de presse américaine Associated Press (AP).

« Apporter la démocratie »

M. Kilicdaroglu semble espérer une victoire au second tour. « Nous allons absolument gagner le second tour […] et apporter la démocratie », a déclaré M. Kilicdaroglu, âgé de 74 ans, affirmant que M. Erdogan avait perdu la confiance d’une nation qui réclame désormais un changement.

M. Ogan n’a pas indiqué qui il soutiendrait en cas de second tour. Il aurait reçu le soutien d’électeurs désireux de changement après deux décennies de règne d’Erdogan, mais peu convaincus par la capacité de l’alliance des six partis dirigée par Kilicdaroglu à gouverner.

Les résultats des élections ont montré que le Parti de la justice et du développement d’Erdogan, au pouvoir, devrait également conserver sa majorité au Parlement (de 600 sièges), bien que l’assemblée ait perdu une grande partie de son pouvoir législatif après qu’un référendum visant à modifier le système de gouvernance du pays en faveur d’une présidence exécutive ait été adopté de justesse en 2017.

L’agence de presse Anadolu a déclaré que l’alliance du parti au pouvoir d’Erdogan tournait autour de 49,3 %, tandis que l’Alliance de la nation de Kilicdaroglu avait environ 35,2 % et que le soutien à un parti pro-kurde se situait au-dessus de 10 %. Le fait qu’Erdogan semble avoir conservé sa majorité augmente ses chances de remporter un second tour, un plus grand nombre d’électeurs étant susceptibles de soutenir Erdogan afin d’éviter une scission de la législature.

 

Crédits photo : Le président sortant, Recep Tayyip Erdogan, en 2020 lors d’une visite en Russie (Wikimedia Commons).

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