Stabilité politique, fin de la guerre civile et reprise économique sont autant de problématiques auxquelles devra répondre Juba en 2019.
Après quatre longues années de guerre civile, où les morts se comptent par milliers au Soudan du Sud, le président Salva Kiir et le chef des rebelles, Riek Machar, ont finalement enterré la hache de guerre au mois d’août dernier. Pour autant, rien n’est simple dans ce dossier à la croisée des chemins et qui risque de perdurer en 2019.
Un accord politique fragile
Et pour cause, si les termes de l’accord sont parfaitement clairs – le second nommé, vice-président déchu, étant appelé à occuper de nouveau cette fonction au sein d’un gouvernement d’unité nationale, tandis qu’une formation politique de transition composée de 35 ministres doit également voir le jour (20 du groupe de Salva Kiir et 9 de celui de Riek Machar, le reste représentant les autres groupes) -, l’essai se convertira uniquement après trois mois de paix définitive.
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Un cessez-le-feu inscrit en pointillés
Ce qui est encore loin d’être le cas pour le moment puisque les parties en présence ne semblent toujours pas sur la même longueur d’ondes. En conséquence, le risque d’une reprise des combats entre les forces de Juba et les rebelles est bel et bien réel… Alors que l’instauration le 7 juillet dernier d’un cessez-le-feu permanent s’était pourtant inscrit en préambule d’un dénouement que l’on espérait au moins pacifique.
Une diplomatie en difficulté
Sans surprise, le Soudan du Sud aura du pain sur la planche pour retrouver du crédit sur la scène internationale, puisque l’Etat a fini par perdre la confiance de Washington, ulcéré par le marasme ambiant et ses luttes intestines sans fin. En atteste le communiqué américain publié le 8 mai dernier :
« En 2011, les Etats-Unis étaient de fiers et optimistes soutiens du Soudan du Sud, nouvelle nation indépendante. Sept ans plus tard, les chefs de ce pays ont gaspillé ce partenariat, volé la richesse du pays, tué leur propre population, et ont démontré avec insistance leur incapacité et leur manque de volonté de s’engager à résoudre la guerre civile. Les accords de paix de 2017 (restent lettre morte), l’une des pires crises humanitaires se profile, et la famine guette plus de sept millions de personnes. Par conséquent, les Etats-Unis ne continueront pas un partenariat avec des responsables uniquement intéressés par une guerre sans fin faite d’atrocités inter-ethniques. »
De ce fait, un florilège de programmes d’assistance envers Juba risquent d’être clos par la Maison-Blanche… qui semble malgré tout laisser une dernière chance à Salva Kiir et Riek Machar d’inverser la tendance. Et cela, en appelant une nouvelle fois les deux protagonistes à engager des négociations de paix. Mais pour combien de temps encore ?
L’or noir, un atout sous-exploité
Enfin, il est important de noter que ce remodelage gouvernemental ne pourra pas se permettre d’échouer dans l’épineux dossier de la relance économique. Qui passe avant tout par la pérennité de l’industrie pétrolière sud-soudanaise. Et pour cause, la production domestique décroît dangereusement depuis cinq ans. Un constat d’autant plus alarmant que l’économie de ce petit pays – dont l’indépendance date du 9 juillet 2011 – repose à 98 % sur ses ressources d’or noir.
Alors que la production était de 350 000 barils il y a 8 ans, elle est passée sous la barre des 150 000 durant la guerre. Le 8 janvier dernier, le gouvernement a donc annoncé la remise en service partielle des puits pétroliers dans l’Etat d’Unité, l’une des régions les plus riches en or noir, non seulement du pays mais également d’Afrique. Une manœuvre politique, pour certains, surtout destinée à rassurer les investisseurs étrangers, que Juba cherche à attirer. Désespérément.
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