Plusieurs footballeurs érythréens disparaissent lors d’un tournoi en Ouganda

Et ce malgré la répression administrative et financière mise place par Asmara pour empêcher ces désertions.

Selon la BBC, « sept joueurs de la sélection érythréenne ont disparu après avoir participé, fin décembre, au championnat régional d’Afrique de l’Est, en Ouganda. Le reste de l’équipe étant rentré après la Cecafa Senior Challenge Cup, où ils ont terminé vice-champions ».

Habitué à ces fuites à répétition, le gouvernement local avait pourtant mis en place en septembre dernier des mesures plus que dissuasives pour empêcher ses sportifs participant à des compétitions internationales de prendre la poudre d’escampette à l’étranger.

Dans les faits, la caution demandée par les autorités à chaque sportif appelé à disputer une rencontre ou un événement d’envergure hors des frontières du pays est désormais de 5600£, mais aussi un titre de propriété. Ainsi, si l’intéressé(e) ne s’exécute pas, il lui est donc impossible de répondre à ses obligations professionnelles. Sans surprise, ces sept déserteurs ont perdu gros dans cette histoire dans l’espoir de gagner plus de liberté.

Un phénomène de plus en plus courant

Par exemple, les membres de la sélection de football ont goûté récemment à ce traitement de faveur avant un match important en Namibie. Une rencontre entrant dans le cadre des qualifications pour la prochaine Coupe du monde qui se déroulera au Qatar en 2022. Pire, ce système répressif tend à se généraliser de plus en plus afin d’éviter les désertions.

Et pour cause, selon le site News 24, la précédente campagne qualificative pour la plus prestigieuse compétition du ballon rond s’était déjà soldée en 2015 par la disparition de 10 joueurs au Botswana. Trois ans plus tôt, 15 membres de l’équipe, ainsi que le médecin, avaient de leur côté disparu en Ouganda (une habitude…). Mais ce n’est pas tout, puisqu’un tiers de la délégation érythréenne ayant participé aux Jeux olympiques de Londres en 2012 n’avait pas manqué de faire une demande l’asile à cette occasion… Y compris l’athlète qui a porté le drapeau national lors de la cérémonie d’ouverture.

Le cas des conscrits interpelle 

Pour rappel, l’Érythrée ne dispose pas d’une réputation flatteuse en matière du respect des droits de l’Homme. Au mois d’avril, le petit Etat de la Corne de l’Afrique avait en effet marqué les esprits en utilisant ses conscrits pour réaliser un chantier d’infrastructure routière financé par l’Union européenne. Le tout sous un soleil de plomb. Si cette tâche reste d’ailleurs très mal rémunérée, la situation juridique des conscrits dérange d’autant plus. Apparentée à de l’esclavage par la communauté internationale, celle-ci offre malheureusement des nuits blanches à moult responsables d’ONG à travers le globe.

Concrètement, le législateur érythréen a limité la durée “d’enrôlement” à 18 mois pour le service militaire. Une donnée que conteste avec virulence la Fondation des droits de l’Homme pour les Érythréens (FHRE) qui accuse Bruxelles de soutenir le travail forcé. Et pour cause, “l’engagement national” serait en fait “à durée indéterminée“. Une stratégie permettant ainsi à l’Etat de garder “au chaud” ses jeunes loups… et à l’UE d’endiguer l’immigration sur son sol.

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